Désenchantement citoyen : éclairage sur les forces contradictoires au sein d'un parti

A la lecture de nombreux blogs citoyens on retrouve parfois dans le billet, mais quasiment systématiquement dans les commentaires cette espèce de désenchantement du citoyen qui ne se retrouve pas dans la campagne présidentielle que nous vivons. J'ai commencé à répondre dans un fils d'un billet de Filaplomb, et puis j'ai voulu être un peu plus complet et donc je poursuis le sujet ici.

Je suis surpris qu'en étant des citoyens actifs, de ceux qui cherchent l'information et la digère, nombreux n'arrivent pas à franchir la porte d'un parti politique pour aller voir ce qui s'y passe. Je ne dit pas prendre sa carte, mais d'aller voir.

J'ai poussé la porte de l'UDF il y a 1,5 an et j'ai découvert, non seulement des gens intéressants (mais il y en a ailleurs) mais surtout une meilleur compréhension des mécanismes qui régissent un partis politique : un partis est toujours tiraillé entre une idéologie doctrine[1], le recrutement et l'obligation de victoires électorales. Il est impossible de faire abstraction de l'un des paramètre. Une fois cette donnée aquise, il est plus facile d'être indulgent et de voir qu'ils ne sont pas tous pourris[2].

Dans un monde idéal[3], un parti devrait pouvoir exister juste avec des idées à défendre. Mais dans le vrai monde (la vraie vie diront certains) il en est tout autrement :

1) Recrutement :

  1. Il faut recruter des électeurs, des sympathisants et des militants pour exister, donc pour les attirer, tenir un discourt simplifié pour aller droit au but, que certains ne se gênent pas de rendre populiste. Et même si ces électeurs, sympathisants et militants sont capables d'apprécier un discours plus étoffé, de toute façon, les médias ne les relaient pas.
  2. Il faut aussi motiver et impliquer les militants et sympathisants pour que même ceux qui n'ont rien à dire aient le sentiment d'être écoutés. Où l'on voit fleurir des ''débats participatifs'' bidons, des forums sur internet que personne ne lit, des plateforme de blogs, des questionnaires sans dépouillement... Tous les partis ne cèdents pas à ces sirènes, mais il faut des cadres attentifs.
  3. Il est nécessaire de disposer de relais de l'idéologie la doctrine dans toute la société pour la faire descendre, mais aussi des capteurs pour percevoir la société et faire remonter vers la tête. Un peu comme un système nerveux, même si hélas certains utilisent le réseau non pas pour véhiculer l'idéologie la doctrine et l'amender, mais au service de l'intérêt personnel et de la prise du pouvoir d'une minorité.

2) Gagner des élections

  1. Accéder au pouvoir pour mettre en oeuvre l'idéologie la doctrine. C'est la fonction première d'un parti politique. Bien sûr, hélas, il y en a qui voit dans l'accès au pouvoir d'abord un gain personnel plutôt qu'une passerelle pour mettre en oeuvre une politique pour laquelle ont a été élu. J'aime à penser que ce n'est pas la majorité, mais les passants que je croise dans la rue ont tous l'air convaincu du contraire.
  2. Etre élu est aussi vital pour financer le parti. C'est le financement publique des partis qui dépendent du nombre d'élus et du nombre de voix.
  3. Dans la conception de certains partis [4], détenir le pouvoir est aussi un moyen de remercier les amis qui ont permis de l'obtenir. C'est malheureusement très humain comme déviation mais il est possible de lutter contre avec la ré-instauration des contre-pouvoirs qui ont disparus, notamment dans notre département avec le monopole d'un seul parti sur tous les pouvoirs locaux.

Face à ces contraintes que vivent les partis politique, seuls des militants intègres et une modification des règles du systèmes politique peut permettre de rétablir l'intégrité et les contre pouvoirs qui manquent. Je croix que c'est possible. J'ai croisé des élus passionnants, dans ma fédérations et lors des universités d'été. Des gens qui veulent utiliser le parti pour mettre en place une politique. La nouvelle génération n'est plus disposée à jouer les petits soldats dociles, c'est pourquoi les partis ont le devoir de se protéger dans leurs statuts des arrivistes et de revenir aux fondements de la raison d'être d'un parti : faire triompher des idées et non des clans[5].

Notes

[1] Ben oui, c'est pas toujours évident, mais c'est quant même le fondement du rassemblement.

[2] Je vous promet que j'ai rencontré des gens ambitieux, intelligents, qui parlent bien et qui disent la vérité, respectant leurs électeurs et faisant leur boulot d'élus consciencieusement et honnêtement, si si !!

[3] Je ne le décrirais pas ici, mais ça fait plusieurs siècles que de grands écrivains en parlent

[4] L'UMP pour ne pas les citer, mais aussi les communiste du temps où il avaient encore du pouvoir et dans une moindre mesure le PS. L'UDF en son temps l'a fait aussi, mais il semble que François Bayrou ait décidé d'y mettre fin.

[5] C'est sûr que pour l'UDF c'est beaucoup plus facile de reconstruire lorsque l'on repart de zéro comme en 2002.

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Commentaires

1. Le jeudi 8 février 2007, 13:39 par Eric

Bon billet.
Une chose qu'il faudrait dire: les partis politiques sont essentiels à la vie politique et la démocratie. Sans eux, elle est privée de moyen d'exister.
Deuxième chose, en France le pluralisme des partis politiques est une chose tout aussi importante (contrarement aux USA où il n'y a pratiquement que deux partis).

Personnellement je ne suis pas militant, mais la campagne m'a permis d'en rencontrer beaucoup (virtuellement ou en vrai). Et je note qu'aucun d'entre eux n'est d'accord à 100% avec la "ligne" de son parti. Au contraire, chacun discute et essaie de faire entendre son point de vue.

2. Le jeudi 8 février 2007, 14:54 par JRS

"Doctrine" est à mon sens préférable à "idéologie" concernant le corpus de pensée de l'UDF.

En effet une idéologie est un ensemble systématisé (voire systématique, totalitaire) de dogmes et de croyances (marxisme, fascime, nazisme etc...) affirmés comme vrais (ou révélés) et qui ne peuvent être remis en cause... sous peine de trahison à la cause (les sociaux-démocrates sont ainsi concidérés comme des "sociaux-traitres" par les marxistes...)

Alors qu'une doctrine (attention à ne pas devenir endoctriné et/ou doctrinaire ;-) est plutôt l'ensemble de pensées, de principes de base (dans le cas de l'UDF, l'humanisme qu'il soit d'inspirations philosophiques démocrate-chrétienne, personnaliste, libérale, radicale et même social-démocrate).

Ainsi une doctrine a une dimension non idéologique, elle peut être remise en cause sans suspiscion de trahison à la "cause". (Attention certaines doctrines ont cette dimension idéologique. Ex. les doctrines religieuses)

A l'UDF il s'agit donc bien d'une doctrine non idéologique puisqu'elle n'intègre ni "un système de prêt à penser (une explication du monde par exemple) ni aucun des grands mythes en politique contrairement aux idéologies politiques:
- la conspiration,
- l'âge d'or,
- l'homme providentiel,
- l'unité.

fr.wikipedia.org/wiki/Myt...

3. Le jeudi 8 février 2007, 22:52 par Cedric Augustin

@JRS : j'ai remplacé le terme dans le billet mais ma recherche de définition ne m'amène pas à une différence de sens aussi tranchée, du moins dans le domaine politique. Définitions sur Wikipédia : Idéologie, Doctrine.Un extrait d'un autre document est plus explicite : Les idéologies sont des ensembles de convictions et d'expressions à caractère symbolique qui permettent de présenter, d'évaluer et d'interpréter le monde en fonction d'un certain modèle. Elles servent à façonner et à justifier certaines formes d'actions et à en récuser d'autres. Il y a souvent une connotation péjorative dans ce terme, car il peut désigner une doctrine politique poussée à son extrême, qui manipule les faits pour leur donner une interprétation qui justifie certaines actions. Les idéologies ne seraient donc pas fondées sur la connaissance mais sur une interprétation des faits

En tout cas merci pour la précision.

@Eric : Effectivement les partis politiques sont indispensables à la vie politique, sauf qu'en ce moment, l'investissement citoyen n'a pas la côte et que ce sont les arrivistes qui occupent la place des idéologues, des rêveurs, des utopistes, des généreux et autres altruistes qui croient que l'on peut changer le monde grâce à la politique. Meuh non je suis pas défaitiste, j'occupe juste la place de certains arrivistes qui me gonflent et qui voudraient bien ma place d'utopiste....

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