Référentiel général d'interopérabilité : incompétence ou volonté ?

Lorsque tous les projecteurs sont braqués sur la campagne électorale, les ministres continuent de ministrer, pas forcément pour défendre l'intérêt général. Certains utilisent les moyens du ministère au service de leur candidat favoris (ce qui est mal©), pendant que d'autres en profitent pour faire passer des textes en catimini.

Le Référentiel général d'interopérabilité ou RGI est le cadre qui défini les formats des documents et des échanges électroniques entre les services de l'état les collectivités et les prestataires. C'est une brique majeure de l'interopérabilité, c'est à dire la possibilité d'accéder et de lire n'importe quel document indépendamment de son auteur et du logiciel utilisé pour le produire.

L'idée de définir des procédures et des formats ouverts garantie qu'il y aura toujours le moyen de lire et d'utiliser le document ou le service électronique. En utilisant des formats de documents ouvert, il est toujours possible de créer des convertisseurs. De même, c'est un moyen de s'affranchir de dépendance vis à vis d'un fournisseur. Puisque les formats sont publiques, n'importe quelle entreprise peut proposer des solutions et des services. La concurrence n'est donc pas biaisée par des monopoles uniquement dus aux format qui excluent tous les concurrents[1].

On apprend dans les articles suivants que le RGI est en retard, non pas pour des raisons techniques ou administratives, mais politiques. Certains rapportent même des discussions du ministre Jean-François Copé, ministre de la Réforme de l'État avec un célèbre éditeur de traitement de texte et système d'exploitation propriétaire (rumeur démentie).

Ce délai depuis aout 2006, date de finalisation du RGI est soit délibéré, soit une faute. En effet, les choix que font les administrations, et tous les services de l'état et des collectivités prennent des mois et engagent l'état pour des années. Il se trouve que Microsoft n'était pas prêt pour fournir ses logiciels avec les spécifications demandées par le RGI à sa date de sortie. Depuis plus d'un an, ils redouble d'effort pour faire amender un tel document ou du moins le faire retarder pour pouvoir rentrer dans les contraintes qu'il impose, non pas avec les choix fait par la DGME, mais avec leurs solutions.

Le cheval de Troy de Microsoft est la suite bureautique Office, qui impose depuis des années ses formats de fichiers et impose par là même les choix en matière de système d'exploitation des grandes administrations. Le RGI en préconisant le format OpenDocument, ouvre tous les marchés publiques aux autres suites bureautiques, dont certaines sont gratuites et comble de l'indécence, fonctionnent sur d'autre système d'exploitation que Microsoft Windows, eux même gratuits ou à des prix dérisoires. Le RGI met donc clairement le monopole de Microsoft en danger. La réponse de Microsoft au format OpenDocument déjà utilisé dans la gendarmerie et dans de nombreux autres pays est la création d'un format concurrent, en cours de normalisation. C'est donc clairement un refus de l'interopérabilité qui est défendu par Microsoft qui aurait pu se contenter d'utiliser OpenDocument pour ses fichiers.

L'intérêt général est le développement de l'interoppérabilité. L'intérêt particulier est de laisser la liberté maximum[2] aux administrations pour favoriser le plus fort (au sens force commerciale et pas technique) et continuer la gabegie économique de l'état qui sert de vache à lait à une société américaine, uniquement du à une situation de monopole de cette entreprise qui n'a certainement pas l'intérêt général en ligne de mire, mais pas forcément parce que les produits de cette société sont les meilleurs. Ce devrait être une priorité du ministre de la réforme de l'Etat que ce document qui est en cours d'élaboration depuis plus de 3 ans voit le jour. Les investissements et les grands choix stratégiques en dépendent[3].

Que l'on vienne pas me dire que le ministre ne peut pas accélérer. On a vu que quant le gouvernement voulait faire plaisir à ses amis d'Universal Music, la loi DADVSI est passé en urgence au parlement en déniant aux parlementaires leurs droits élémentaires de discussion du projet et en méprisant leurs amendements.

C'est donc soit délibéré, soit une faute.

Notes

[1] Cas de microsoft bien sûr, dont les formats de fichier changent tous les 4 ans et qui impose ses produits pour lire ses formats propriétaires, protégés par des brevets et que partiellement documentés.

[2] ...ou dit autrement laisser se développer le maximum de solutions différentes et incompatibles.

[3] Ne pas oublié que l'état est un client de nombreuses entreprises de service, et que chaque retard repousse d'autant le lancement des projets.

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Commentaires

1. Le samedi 28 avril 2007, 10:21 par Guiiillaume

Que c'est bon de revoir des articles sur l'informatique et plus encore sur l'interopérabilité !
Espérons que les choses avancent...

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