La mémoire courte

Les électeurs ont manifestement, pour la majorité, la mémoire courte en ce qui concerne leur élus. Et il y en a un qui a très bien saisi l'avantage que cela représente. A l'ère du zapping et de la communication émotionnelle, inutile d'avoir une cohérence temporelle. On communique au présent et pour que le message laisse un e trace on communique sur le registre émotionnelle. Comme de toute façon, plus grand monde ne se donne la peine de remettre en perspective le comportement des élus dans leur continuité, il n'y a aucun risque à faire la girouette en fonction de la météo politique.

Prenons au hasard, Alain Juppé, homme assurément plein de compétences, qui n'en a pas moins été condamné pour corruption, a été réélu dans un fauteuil à la mairie de Bordeaux[1], et maintenant devient "ze" ministre du gouvernement Fillon. Pour un gouvernement exemplaire on passera. Sans compter que le lascar, non content de se représenter à la députation à Bordeaux, envisage bien sûr de conserver son poste de maire de la même ville. Il paraîtrait que la circulaire Raffarin sur le non cumul des mandats des ministres n'était pas si bonne que ça, car elle coupait les ministres du terrain...

Autre exemple, rapporté par François Bayrou l'autre soir sur France 3 dans l'émission France Europe Expresse. Durant la campagne de présidentielle, Nicolas Sarkozy n'a eut de cesse de décrier la volonté de gouverner avec des gens de tous bords, en arguant du fait que cela sèmerait la confusion et ne permettrait pas de gouverner. Il fallait assumer d'être une droite décomplexée. Il a rabâché qu'il dirait ce qu'il ferait et qu'il ferait ce qu'il disait. Soit, les électeurs on visiblement appréciés ce message et voté pour.

Au soir du premier tour, l'homme change à nouveau. Il faut rassembler le plus largement possible. Si Bayrou a séduit, c'est que son positionnement idéologique était porteur, recyclons !! Et voilà. Une ouverture prônée et revendiquée par François Bayrou serait mauvaise, mais réalisée par Sarkozy elle est bonne. Il ne va pas laisser au centristes libérés une idée considérée comme bonne par 65% des français. Las, ce sont des mesquineries de perdant lorsque le gagnant vous pique vos bonnes idées diront certain, possible, mais la ficelle est tellement grosse que j'ai un peu du mal.

Et pourtant, les électeurs s'en foutent. Retournement de veste, changement de cap du jour au lendemain, contradiction, condamnation, rien n'empêche d'être élu alors que les mêmes électeurs vous jettent à la figure dans la rue lorsqu'on les croise, "ils sont tous pourris". On a les élus que l'on mérite.

Notes

[1] Avec le soutien de Bayrou, ce qui ne cesse de m'interroger.

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Commentaires

1. Le mercredi 23 mai 2007, 23:58 par Guiiillaume

"Une ouverture prônée et revendiquée par François Bayrou serait mauvaise, mais réalisée par Sarkozy elle est bonne."

Mais d'un autre côté il ne faut pas se mentir, à ce sujet-là, les 2 jouent la carte démagogie. On peut retourner la phrase dans l'autre sens et dire "les autres partis devrait adhérer à une ouverture proposée par Bayrou, mais Bayrou n'adhère pas à l'ouverture proposée par l'UMP..."

2. Le jeudi 24 mai 2007, 00:25 par Cedric Augustin

@Guiiillaume : sémantiquement parlant c'est vrai, mais dans la pratique, François Bayrou a expliqué la principale différence entre les 2 approches : Sarkozy propose le ralliement (sous entendu, venez vous aligner sous mon projet), là où Bayrou propose le rassemblement (venez travaillez avec moi avec ce que vous êtes).

C'est encore une fois le rapport au pouvoir et à celui qui le détient qui fait la différence principale entre les 2 approches. La différence est difficile à expliquer, ce qui fait que les électeurs s'embrouillent et n'apprécient pas à sa juste valeur l'importance de la différence d'approche.

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