La flamme et le papillon

Devenir un personnage publique, quelqu'un qui est écouté, auquel l'on fait référence, avoir sa tête qui dépasse un tout petit peu de la foule, exister un petit peu plus. C'est un des moteur, pas le seul heureusement, de certains militants, de certains candidats, de certains élus.

Qu'il est amusant de jeter un oeil distrait au ballet des personnalités lors de manifestations publiques, les places réservées, les passes droit, les primeurs, l'ordre de passage au micro, la place sur l'estrade, la tenue de circonstance, la présence sur la photo, les remerciements imposés...

Qu'il est amusant d'observer à la dérobade ces messieurs et mesdames tout le monde dans un groupe qui soudain ont un auditoire, des regards posés sur eux, leur idée qui est écoutée, la sensation de peser sur le débat. La griserie d'exister un peu plus. Un instant. Le temps d'une poignée de main, d'un flash ou d'une phrase au micro. L'affirmation de sa propre importance, comme si elle avait besoin d'être confirmée, comme si elle n'existait pas de retour à la maison, de retour au boulot.

Qu'il est amusant de parcourir ces blogs égocentriques, remplis de je et de nous qui étalent des opinions en attendant d'hypothétiques lecteurs supposés leur donner de l'importance, quelques miettes de notoriété dans le monde virtuel à défaut de monde réel.

En fait non ce n'est pas amusant, c'est juste humain. La politique et ses réunions, ses débats participatifs, ses forums ou ses blogs sur internet, ses élections précédées par la cohortes d'oreilles soudain attentives, sont autant de flammes dans la grisaille qui attirent tous ces papillons qui veulent croire que l'on va les respecter, les entendre. Ces gens qui espèrent et ont la foi dans ces valeurs de la chose publique.

Hélas combien se sont roussis les ailes et ne veulent plus y revenir ? Combien ont été écoutés mais pas entendus, considérés mais pas respectés ?

Les militants, ceux qui durent, sont de drôles de papillons, qui volent juste à la limite, pour ressentir la chaleur sans se faire happer dans les turbulences de la flamme, qui veulent changer les choses, mais par petites touches, persévérantes, avec le temps. Ils ont compris que la politique brûle et qu'il n'est pas donné à tout le monde de voler au dessus de la flamme, dans les ascendances, sans dommages, surtout sur le long terme.

Une nouvelle belle flamme approche, il va falloir la négocier, trouver le point d'équilibre pour ne pas trop se brûler les ailes...

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Commentaires

1. Le mercredi 31 octobre 2007, 11:12 par FB

Deux questions : tu mets combien de temps à écrire un texte comme celui là ?
Qui a relu , pour les fautes ? (joke)
Un thême brulant d'actualité, Cédric, quand on voit chaque jour des ailes battre plus vite plus fort. Ton texte est beau, triste aussi, et drôlement autobiographique, non ?
Je m'y retrouve bien aussi, mais je pense qu'en écrivant cela tu as compris la juste distance à garder. Cette capacité de critique personnelle qui te préservera.

2. Le mercredi 31 octobre 2007, 12:42 par Cedric Augustin

Pour la technique : un billet met de 20 min à 4h pour être écrit. Certains sont fluides et sortent tout seul, comme celui-ci (1h+la photo), pour d'autres, l'idée n'arrive pas à se structurer, le message à se mettre en place, comme le précédent sur la dispora centriste sur lequel je suis revenu 4 fois, qui n'est tjs pas satisfaisant, et qui se retrouve du coup en déphasage par rapport à l'actualité car resté trop longtemps en attente. Et personne ne relis avant publication, donc les fautes sont légions ;)

Pour l'autobiographie : il faut effectivement se poser la question de temps en temps de pourquoi l'on milite, où l'on souhaite se placer par rapport à la flamme ?

Je voudrais pouvoir dire à tous ces nouveaux militants qui ont rejoint le MoDem, ne vous brûlez pas les ailes, patientez, durez, durez, durez, car le projet en vaut la peine. Les municipales ne sont qu'une flamme, et il y en aura d'autres.

3. Le mercredi 31 octobre 2007, 18:21 par Etoile66

J'ai aimé ton texte Cédric... et surtout cette phrase que je partage:

"Je voudrais pouvoir dire à tous ces nouveaux militants qui ont rejoint le MoDem, ne vous brûlez pas les ailes, patientez, durez, durez, durez, car le projet en vaut la peine. Les municipales ne sont qu'une flamme, et il y en aura d'autres."

4. Le jeudi 1 novembre 2007, 10:01 par fkelder

Magnifique ce billet.

5. Le jeudi 1 novembre 2007, 11:30 par brigitte

continue.

6. Le jeudi 1 novembre 2007, 15:55 par pascaline

Ton billet me touche beaucoup, Cédric, car il effleure avec pudeur le douloureux dilemne qui anime chaque militant: avancer dans la lumière sur un projet, celui de candidats, et savoir s'arrêter.
Non par faiblesse mais par réflexion sur soi, sur son propre potentiel.
Si cette réflexion est autobiographique, elle souligne ton courage et ta détermination à mener campagne à ta mesure et selon tes propres valeurs.
Je suppose que les papillons qui se brûlent les ailes ont voulu oublier cela, pensant, valeureux ou téméraires, qu"ils franchiraient la lumière sans heurt.
Héros de leurs fantasmes et de ceux, fugaces de leur mise en lumière éphémère.

7. Le jeudi 1 novembre 2007, 22:23 par AS

Billet d'automne, un peu de tristesse, un peu d'espoir, ce ne sont pas les feuilles qui s'envolent et tombent mais peut être les ailes du papillon.

Allons la fête continue, avec nous ou sans nous mais le manége ne s'arrêtera pas pour nous attendre.

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