Stéphane Guillon et Didier Porte : foutez moi ça dehors

Quelle tristesse lorsque je lis les propos de Jean-Luc Hees, le patron de Radio France dans l'interview donné au monde :"Quel patron d'une grande entreprise accepterait de se faire insulter par un de ses salariés sans le sanctionner. [...] L'humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans. [...] Je considère que cette tranche d'humour est un échec. Elle a montré une grande misère intellectuelle dont je ne m'accommode pas."

Philippe Val, le directeur de l'antenne de France Inter parlait de l'actionnaire en faisant référence à l'état pour une radio publique, en s'étonnant que les humoristes (ou les chroniqueurs) ne l'épargnent pas, sous entendant par la même qu'ils doivent être révérencieux, ce qui est affligeant et montre bien où en est l'indépendance des média, même publiques, face au pouvoir politique. Honnêtement, vous écouteriez une radio qui n'égratignerait jamais l'état ?

Je suis triste de constater ainsi, ouvertement, la mise au pas de la radio que j'aime, radio qui grâce à sa diversité arrivait encore à être un peu libre. Il faut maintenant qu'elle soit dans le concert médiatique ambiant au lieu de cultiver sa différence. Va-t-il nous rester un espace médiatique libre ? Faisons un petit bilan, combien reste-t-il de sources d'information libres professionnelles de toute pression politique en France :

  • Le canard,
  • Mariane
  • Mediapart
  • Arrêt sur image
  • Rue 89

Les 3 derniers n'existant que sur le net plus ou moins péniblement, leur financement étant très fragile.

Qui lit ces média : une minorité. Heureusement que la blogosphère fait caisse de résonance de ces sources libres, mais cela reste encore peu de chose face aux média de masse. Le problème, c'est que sans financement, la production libre risque de se tarir, or notre démocratie[1] a besoin d'information libre.

Il faut "sanctuariser" comme aime à le dire Bayrou, le financement et l'organisation des média publiques pour leur assurer une totale liberté vis à vis des puissances de l'argent et du politique. Avec un budget quinquennal au minimum, et une séparation total de l'exécutif du politique, il devrait être possible de ne plus assister à de tel histoire de remerciement de chroniqueurs qui ne plaisent pas à notre bon roi. L'état ne doit plus jamais être considéré comme un actionnaire des média publiques. Ces média appartiennent aux français, à tous les français qui les financent et non à des politiques en CDD.

Didier Porte : son site web

La dernière chronique de Stéphane Guillon

Notes

[1] Je vous concède, elle est très malade et ressemble de moins en moins à une démocratie.

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Commentaires

1. Le mercredi 23 juin 2010, 13:40 par Cedric Augustin

J'ai découvert juste après avoir écrit ce billet, celui de Marie-Anne Kraft qui retranscrit l'interview de François Bayrou sur France Inter que je n'ai pas écouté http://www.mediapart.fr/club/blog/m... , et je constate que je suis pas mal en phase avec le patron du Mouvement Démocrate.

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