Dédicace au Gandhi français

Voici un texte qui m'est arrivé dans un commentaire et que je vous passe tel que (à l'auteur, envoyez le par mail la prochaine fois).

Madame, Monsieur, Amie, Ami, Acceptez, je vous prie ce texte, que je dédie à la mémoire du Gandhi français, que vous pourrez utiliser à votre guise.

Acceptez, je vous prie, ma vive amitié. Khal Torabully Ecrivain


L'abbé Pierre. Le Gandhi français s'en est allé : le testament de l'insurgé de la bonté demeure…

"Le seul voyage qui vaille est celui qui s'accomplit de l'intérieur". Rainer Maria Rilke

Entre le Gange, le Congo, la Rivière Noire et la Seine : est parti le Gandhi français, qui mit sa vie au service des sans parole, des sans toit et des humbles trop souvent humiliés. Un Mahatma, une grande âme s'en est allée. L'homme qui fut l'apôtre des parias. Qu'il me soit permis, tout simplement, de lui dédier ces fragments poétiques, car nous sommes tous légataires du testament de cet insurgé de la bonté.

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Pour l'abbé Pierre, ce fils lumineux de la ville Lumière :

Ce matin, je me suis réveillé sans toi, Comme un mendiant paré de soleil. Je sais que ce jour est l'instant solennel, Que Sa clarté prend en charge.

Tout ce qui est sans toit est en toi.

Je froisse tant d'univers pour être A l'écoute de ton absence. Que me vaut ce cœur au profil distinct Si je ne parle pas de toi ?

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Et je me rappelle ces mots de Nazim Hikmet : "Quand on a un coeur d'un poids respectable, Il faut se battre contre des moulins à vent, mon don Quichotte…"

Les tentes sont entre Rhône et Saône. Sur la place Bellecour, en ta ville natale, ce Lyon des Canuts où maintes révoltes peuplent les cris des affamés… Ce Lyon où l'exil fut l'apprentissage des précarités. Oui, il nous faut d'autres humains au coeur de ce poids, l'abbé… Encore là : Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix, sud africain et conscience forte des démunis de toute terre, Muhammad Yunus, banquier des pauvres au Bangla Desh et dans le monde socialement fracturé, du Mississipi au fleuve Amour, don Quichotte. D'autres Pierre en guerre contre la pauvreté grandissante...

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Je te sais égaré dans ta ville, la leur, Ce pays où les gueux cheminent Dans l'inhumaine condition… Je te sais sans masque, sans détresse, Mais triste de toutes ces fins du monde, Frissonnant comme le verbe dans la bouche du muet.

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L'abbé, tu as pourfendu les mensonges de l'homme le plus puissant au monde, livré à la guerre dans l'ancienne Mésopotamie. Tu as parlé de cet « irresponsable » qui parlait de croisade comme un « ignorant », car « les croisades sont aussi abominables que toutes les guerres ». Faire la croisade et la jihad, avant tout, c'est lutter contre ses passions, ses égoïsmes, son indifférence aux humains. Oui l'abbé, « Tuer au nom de Dieu c'et gifler Dieu ». Tu l'as dit bien avant beaucoup à Sarajevo, toi qui voulus la relation avant la confrontation, le respect avant le préjugé.

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Voici, pour les démunis de toi, le testament de l'insurgé de la bonté :

Sans aucun doute, le monde est inexact. Sans l'espérance, il n'est rien d'autre.

Capituler ? Ainsi le premier mot lâche se nomme.

L'insurrection ! La parole est comme l'été Dans la ruche assourdissante : Elle dresse les tentes sur le Jourdain, Elle dresse les toits sur la tête des damnés. Elle pense mon indifférence, et c'est cela L'intimité qui m'adosse à l'insurrection de l'amour.

Je briserai mon indifférence Comme je cherche les yeux de ma mère. C'est l'hospitalité qui nous libérera de l'exil.

Tu n'es pas la non-personne d'en face. Tu es la face cachée de ma personne. Que ta fenêtre se referme sans bruit, Il n'y a plus aucune porte en moi.

Le monde qui fuit descendra dans ta bouche.

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S'il y a tant de mots dans la ville, Ce que tu précèdes les vitraux bleus Aux fontaines de l'eau fraîche.

J'ai connu tant de palais en toi, Les veillées de chandelles mortes, Ces mondes évaporés dans l'horizon.

J'évoquerai enfin ta voix insurgée, Quand la fleur aura fané le poignard, Quand la flamme aura brûlé la lâcheté.

Je n'aurai d'autre mot que ton silence, Ce cœur pieux au seuil admirable.

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Toi qui voulus qu'on qu'écrive sur ta tombe « J'ai essayé d'aimer », ou encore « J'ai fait ce que j'ai pu », toi qui en toute humilité affirma que « la foi n'apporte pas la clarté » - certainement, une volonté de bâtir un toit pour y accrocher une lumière pour l'autre - toi qui fus, jusqu'au bout, blessé par toutes les cruautés du monde, tu nous as légués le testament de la bonté, notre testament de l'insurgé de l'amour.

Lyon le 22/01/07 Khal Torabully

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