Les (de)sous de la campagne législative

Je ne vais pas vous parler de combien coûte, mais de combien rapporte et à qui la campagne législative. La politique et l'argent sont deux acolytes sulfureux et malgrè des lois de financement de la vie publique, cela reste un sujet finalement assez tabou.

Ne nous faisons aucune illusion, la démocratie coûte chère et il faut la financer. Les partis politique sont reconnus comme des acteurs de la vie politique et donc perçoivent de l'argent publique pour leur fonctionnement en plus de leurs fonds propres. Les ressources d'un parti sont:

  • les cotisations (de 20 à 40€ par membre selon les partis),
  • les dons de personnes physiques (pas d'association ni d'entreprise, et plafonné à 4500€ par personne),
  • les subventions.

Pour cette dernière partie, l'article 8 de la Loi relative à la transparence financière de la vie politique nous apprend que le budget de subvention est partagé en 2 moitiés. L'une partagée entre les partis ayant des groupes à l'assemblée nationale au prorata du nombre d'élus, et l'autre pour les partis ayant eut plus de 1% de voix aux élections législatives dans au moins 50 circonscriptions. En 2004, c'est 73 million d'euro qui ont ainsi été partagés entre les différents partis (33 UMP, 19,5 PS, 4,5 FN et UDF et 4 pour le PC)[1].

On voit tout de suite que fonder un nouveau parti comme le MoDem ne peut se faire sans tenir compte du financement de ce parti. L'UDF est propriétaire de son siège à Paris, a des permanents, des dépenses de fonctionnement... Depuis 2002 et la constitution de l'UMP au dépend de l'UDF, c'est non seulement les élus mais aussi le financement de ce parti qui ont été siphonnés par l'UMP. Présenter des candidats dans toutes les circonscriptions (ou presque) n'est pas seulement un acte politique permettant de poursuivre la dynamique de la présidentielle, c'est aussi la constitution d'un fond de fonctionnement pour assurer une survie économique au MoDem. Sans financement, point de parti, et sans parti, aussi beau soit le projet de société de Bayrou puisse être, il n'aurait jamais l'intendance nécessaire pour gagner la bataille sur le long terme.

Quel est-il ce budget ?

  • Les cotisations. 70 000 adhérents à 20 €, soit 1,4 million d'euro.
  • La subvention liée aux élus à l'assemblée. Mettons 6 élus[2], environ 1% de 70 millions, soit 700 000 €.
  • La subvention pour le nombre de voix aux législatives, de mémoire 1,6 euro par voix. Si 7 millions d'électeurs renouvellent leur confiance aux candidats du Mouvement démocrate comme ils l'ont fait pour François Bayrou, c'est près de 11 millions d'euro.

Soit un total de 13 millions d'euro, ce qui fait le double du budget de l'UDF actuel. C'est bien sûr c'est la version optimiste, le nombre final peut être largement inférieur, mais cela donne un ordre de grandeur[3].

Nous sommes bien en train de bâtir un mouvement pour durer, n'en déplaise à l'UMP qui n'économise pas ses efforts pour tuer dans l'oeuf l'animal. Au dela des idées, qui restent tout de même la chose la plus importante, pratiquement, chaque bulletin MoDem assure la survie de ce projet sur le long terme. Une raison de plus de voter MoDem !!

Notes

[1] Chiffres arrondis grossièrement. Source avec chiffres précis.

[2] Non pas que j'en veuille aussi peu, mais c'est plus facile pour les comptes, et au milieu des fourchettes des sondages.

[3] A comparer au prix de la manifestation d'intronisation de Sarkozy comme candidat unique de l'UMP en janvier à plus de 4 millions d'euro.

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Commentaires

1. Le mercredi 30 mai 2007, 15:35 par Sand

MoDem, what else ? ...

2. Le mercredi 30 mai 2007, 17:40 par Elie

13 millions d'euros, effectivement, tes prévisions sont très optimistes. Maintenant la bonne nouvelle c'est que, sauf Gross Gross Katastrof, il est est évident que le futur budget du MoDem sera supérieur à celui de l'UDF.
Une question, sur comment se passe le remboursement des frais de campagne : à partir de quels pourcentages ces frais sont-ils remboursés ? Et ce pourcentage est-il national ou local ?

3. Le mercredi 30 mai 2007, 18:59 par Cedric Augustin

Le remboursement des frais de campagne n'a rien à voir avec le budget du parti.

A partir de 5% de suffrage exprimé, c'est l'état qui rembourse. Cela ne s'applique que candidats par candidat et c'est le candidat qui est remboursé, pas le parti, puisque c'est lui qui a souscrit un emprunt.

Au plus, le parti peut garantir l'emprunt, mais ce n'est pas systématique.

4. Le mercredi 30 mai 2007, 23:35 par Eric

Merci! Des infos intéressantes.

Tu dis: "Ne nous faisons aucune illusion, la démocratie coûte chère et il faut la financer."

Au Etats-Unis c'est même un des enjeux les plus importants: récolter des fonds.
En France on n'achète pas des spots de pubs. Ce serait peut-être mieux: ça éviterait que certains candidats aient le droit à de la pub déguisée...

5. Le jeudi 31 mai 2007, 09:40 par Cedric Augustin

Bof, cela accentuerait le fait que la politique serait réservée aux riches... pas vraiment un gain pour la démocratie.

6. Le samedi 2 juin 2007, 11:24 par Eric

Oui, je voyais la photo des candidats conservateurs aux USA (Républicains), tous sur une même scène, chacun avec un chiffre correspondant au nombre de donateurs ayant déjà fait leur choix pour chacun d'eux. Un millier de donnateurs. Et pour l'instant 2/3 n'ont pas encore choisi.
C'est vrai, cette dérive ploutocratique n'est pas une bonne chose. C'est même tout le contraire de ce que propose François Bayrou. N'est-ce pas là sa faiblesse d'ailleurs...

7. Le samedi 2 juin 2007, 17:20 par Cedric Augustin

@Eric : à faire du 3ème degrés tu vas perdre les lecteurs... :)

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