Qui a dit qu'il n'avait pas de proposition

En ce moment, il est de tous les média et plutôt pas mal. Et j'ai noté qu'il a fait évoluer sa stratégie de communication depuis l'été dernier. Dans chacun de ses interview, il s'attache à faire des propositions de ce qu'il mettrait en œuvre s'il était aux affaires, toujours en étant extrêmement pragmatique. Je suppose que cela a été sa ligne directrice lorsqu'il a rédigé son dernier ouvrage "Etat d'urgence" et qu'il l'a adopté pour que l'on arrête de lui dire qu'il ne propose rien et ne fait que dénoncer.

Dans cet interview donné aux journalistes de la Tribune, François Bayrou dresse un bilan plutôt anxiogène à propos de l'Europe et de la situation économique, mais conclu en faisant des propositions:

L'interview de François Bayrou par la rédaction de La Tribune, à propos de l'Europe et de son projet économique

En substance:

  • Des changements institutionnels et surtout de pratiques institutionnelles de l'Europe: Il faudra un vrai président pour l'Europe, élu au suffrage universel, ou, dans un premier temps, élu par un congrès représentant à parité les parlements nationaux et européen.
  • Inventer un mécanisme de coresponsabilité, notamment sur les sujets économique et budgétaire, entre les Etats membres de la zone euro et les institutions de celle-ci.
  • Nous avons gardé le sommet de la pyramide de production, mais nous en avons perdu la base. Il faut un plan pour se remettre à produire en France, dans tous les domaines, agricole, industriel, culturel, numérique, de services. J'en viendrais volontiers à repenser un Commissariat au Plan, un lieu où tous les acteurs concernés seraient appelés à se retrouver pour définir une stratégie nationale de soutien à la production. Il faut reprendre et stabiliser notre droit du travail, inadapté, trop complexe et trop changeant.
  • TVA sociale ? Je crois au contraire de mes amis que la question du coût du travail n'est pas la plus fondamentale, et heureusement, s'agissant de la créativité du pays.
  • Sur les plus de mille milliards de dépense publique, on doit économiser 50 milliards (c'est à peine 5 %), ventilés en 20 milliards pour l'Etat, 20 milliards pour la Sécurité Sociale et 10 milliards pour les collectivités locales. S'agissant de l'IRPP, porter à 45% l'actuelle tranche à 41% et ajouter une nouvelle tranche à 50%. Augmenter le taux de TVA normal de deux points. Les niches fiscales où de 20 à 25% d'économies peuvent être trouvées.
  • L'impôt sur la fortune ? Attribuer au patrimoine, hors outil de production, un revenu théorique annuel, par exemple de 0,5%, et l'introduire dans le revenu imposable de l'IRPP.
  • La réforme des retraites est à faire, l'actuelle n'est en réalité pas financée et ne règle rien à long terme. Je souhaite aller vers un régime par points, individualisé, à droits acquis reconnus.
  • Nucléaire ? La première menace, c'est celle du réchauffement de la planète par l'émission de gaz à effet de serre. Je considère le nucléaire comme une bonne énergie de transition entre la situation actuelle et l'énergie la plus décarbonée possible dans trente, quarante, cinquante ans. Il faut donc organiser un débat national autour du « mix » énergétique.
  • Hadopi ? Je n'ai jamais cru à Hadopi. L'idée d'une licence globale, qui dégage une ressource chargée de compenser le manque à gagner des créateurs, a toujours eu ma préférence. Cela se fera aussi pour le cinéma.

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Commentaires

1. Le vendredi 2 décembre 2011, 12:18 par jboss

"Il faut un plan pour produire en France": ok mais comment on s'y prend ? J'en ai mare des listes :(

2. Le lundi 5 décembre 2011, 13:55 par Cedric Augustin

Difficile d'exiger des réponses en disant que l'on ne veut pas les lire d'avance, d'autant que ces réponses sont dans les propos même de François Bayrou.

En fait, cette exigence de "solution" toute faite est l'illustration d'un mal français. Bayrou ne propose pas une solution toute faite qu'il n'y aurait plus qu'a transposer dans une loi. C'est le contraire de l'homme providentiel. Il parle d'un objectif (agenda 2012), il parle d'une méthode (concertation et plan), pour que ceux qui sont en capacité de le faire le fassent (entreprise, institutionnel, consommateurs...). Il dit qu'il veut que la réduction du déficit soit une "obsession" nationale. 

Qui croira qu'il suffit d'une loi ou de tourner un bouton pour que cela devienne réalité ?

3. Le vendredi 9 décembre 2011, 16:24 par Estelle

"Nous avons gardé le sommet de la pyramide de production, mais nous en avons perdu la base." J'aime beaucoup cette phrase, il n'est rien de plus vrai à l'heure actuelle lorsque l'on pousse les salariés licenciés ou amenés à l'êtreà se mettre à leur compte sans réelle idée, ni projet commercial. En effet, le gouvernement à facilité cet accès au travail individuel sans tenir compte que le fait d'être indépendant implique surtout d'être capable de ce lever le matin: POUR PRODUIRE. Par ailleurs, la force de tout pays ayant passé sa révolution Industrielle est la PME, au sens large. Elles sont la force et le moteur de production de richesse d'un pays comme la france; hors depuis 2009, elles perdent toute leur main d'oeuvre qui se met à Auto Entrepreneur pour ne plus avoir de patron sur le dos ont donc du mal à recruter des profils adaptés à leurs besoins. De plus nos amis directeurs de PME ont de plus en plus de mal à acceder au crédit d'investissement(ceci étant du à un renforcement de la politique sécuritaire des banques qui ne jouent plus leur rôle)
Ainsi, qui dit absence d'investissement dit absence de circulation des devises et donc absence de production de richesse, lesystème est paralysé et s'enlise.
Redonnons à nos TPE la place qui est la leur au centre de l'économie, commençons à former les dirigeants à autre chose qu'à leur profit personnel, montrons à nos employés qu'il peut y avoir autre chose dans une entreprise qu'un chèque en fin de mois et que l'engagement personnel sert l'intêret général. Un pas à la fois. C'est ce que je trouve différent dans le discours de M. Bayrou pour l'échéance de 2012 et j'adhère complètement.

il faut reprendre et stabiliser notre droit du travail, inadapté, trop complexe et trop changeant."
le droit du travail constitue une base immuable notamment pour les esquisses d'égalités dans le travail et trop de chagement àcette base pourrait être considéré comme une remise en question des acquis sociaux avec toutes les déviances que cela a pu provoqué par le passé....avec prudence.

Très beau sujet Cédric...

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