Foutez-les en prison !

Je découvre les propos de Nathalie Arthaud, candidate de lutte ouvrière, tenus lors d'un forum organisé par ELLE, qui envisage la prison pour les "patrons" qui ne respecteraient pas l'égalité homme/femme.

Lors du même Forum, Eva Joly a proposé qu'"aucune aide publique ne soit accordée aux entreprises qui n'assurent pas l'égalité salariale effective".

Tout ceci m'a rappelé une discussion avec mes collègues de travail lors de mon stage au service des eaux de la ville de San Francisco. Cette ville est connu mondialement pour son pont au dessus de l'entrée de la rade, son île d'Alcatraz et son Cable Car[1]. Elle est aussi connue pour son quartier Castro, qui rassemble une des plus visible communauté gay des USA.

La mairie de San Francisco a décidé[2] d'imposer aux entreprises qui passent des marchés avec elle, qu'elles reconnaissent les couples homosexuels et leur donnent les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels, notamment en matière d'assurance maladie.

Pour comprendre l'impact de cette décision, il faut savoir qu'à l'époque[3], les entreprises payaient l'assurance maladie à leur salariés à temps plein[4] ET à leur conjoint, même si ce dernier ne travaille pas dans l'entreprise. Cet avantage social est d'une importance considérable pour bon nombre de familles.

Compte tenu de la grosse communauté gay qui y vit, on comprend la décision de la mairie de San Francisco. Cependant, la conséquence a été immédiate et simple, et pas dans le sens escompté:

  • Les entreprises locales qui ne voulaient pas se conformer à cette obligation, passent par des intermédiaires qui s'y conforment. Concrètement, une entreprise avec 1 seul salarié, qui prend une commission au passage, et signe les contrats.
  • Les entreprises nationales ou internationales qui ne veulent pas changer leur fonctionnement, sont exclues des marché publiques et la ville est obligé de ne plus prendre le mieux disant dans ses appels d'offre.


Dans le laboratoire dans lequel je travaillais, le problème se posait pour les filtres et les flacons, achetés près de 30% plus chers, car via des intermédiaires.

Cet exemple montre à mon sens la difficulté de telles mesures, et les risques de perversions qu'elles peuvent introduire. Ce sont de fausses bonnes idées lorsqu'elles sont aussi faciles à contourner.

Notes

[1] Un tram centenaire qui gravit les collines de la ville en étant tracté par un cable sous la chaussée.

[2] Du moins, cela était le cas lorsque j'y étais en 1998.

[3] Depuis Barack Obama, cela n'est plus la même chose, puisqu'il a mis en place une assurance maladie pseudo universelle (je ne rentre pas dans les détails).

[4] Les salariés à temps partiel n'ont en général pas l'assurance maladie prise en charge par l'entreprise, ce qui représente une double peine.

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Commentaires

1. Le vendredi 6 avril 2012, 07:45 par Estelle

Enorme, je pense qu'il va falloir pousser les murs des prisons...ca va faire du monde.

2. Le lundi 18 juin 2012, 22:26 par Apolline

La radicalité en la matière est plutôt loufoque.
Ce qui me semble important, c'est que les syndicats retrouvent tout leur rôle au sein des entreprises et que les minima conventionnels soient resserrés.
On pourrait envisager une sanction, mais sociale : en cas de discrimination flagrante, un contrôleur du travail devrait pouvoir intervenir dans le cadre de la procédure administrative contradictoire qui permet au contrevenant de se mettre en règle afin d'échapper à une sanction administrative (pénalités)
On n'en est pas là, car la RGPP qui a aboutit à la réforme territoriale de l'Etat (ne pas la confondre avec la réforme des collectivités territoriales) a largement détruit les corps d'inspection : et notamment le plus ancien, celui du travail.

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