Combien êtes vous prêt à payer pour voir un film ?

pirate.pngJ'ai reçu il y a quelque temps une pub du site Priceminister sur lequel j'ai acheté une fois[1]qui me propose d’acquérir des DVD à partir de 0.90€, je suppose d'occasion. Ceci illustre le prix que les vendeurs, donnent au film "hors boite" si on considère que la boite est abimée. A mettre en rapport avec les 25€ du neuf et les 4 à 7€ de la VOD[2], et je ne le compare pas à la place de cinéma à 9€ qui n'est pas tout à fait comparable, car le film ne se regarde pas à la maison.

Dans le même ordre d'idée, j'achète régulièrement des DVD d'occasion dans des vide grenier, où il sont vendu entre 1 et 4€, ce qui revient quasiment toujours moins chère que la VOD, sachant que en plus je pourrais les revendre au moins la moitié du prix d'achat.

Il y a enfin les magasins de troc, qui propose des DVD entre 2 et 4€ et des Blu-ray, entre 4 et 11€, ce qui reste encore moins chère que la VOD pour la majorité des films.

Et pour finir, il y a bien sûr l'enregistrement du film qui passe à la télé, en haute définition, avec une seule contrainte, il faut faire avance rapide sur les publicités.

Donc on récapitule, un film neuf est à plus de 20€, une occasion en magasin à 4€ (avec pour certain sites sur le net des prix à moins de 1€), la même occasion en vide grenier 2€ et enfin l'enregistrement qui se paye avec les publicités à 0€. Conclusion, quelle est la valeur d'un film que l'on regarde à la maison ?

C'est une bonne illustration du problème d'offre légale versus téléchargement illégal.

Dans un système totalement libéral où la libre concurrence s'appliquerait[3] ce serait l'offre et la demande qui régulerait le prix d'une séance de film à la maison. Le prix du film ne serait pas celui choisi par le distributeur, ou le coût du film réel , mais bien le prix que les "consommateurs" seraient prêt à mettre pour y avoir accès. L'accès au téléchargement pour tous met en péril le modèle économique du film.

L'acte d'achat d'un film est devenu un acte complexe qui inclus la possession d'un élément matériel[4], la participation à une communauté ou une tendance[5], la prolongation du plaisir avec les bonus. On s'éloigne de la simple consommation du film qui peut être gratuite si l'on télécharge le film. Visiblement, peu d'auteurs ou de distributeurs incluent ces aspects là dans leur stratégie de lutte contre la copie illégale. On trouve des DVD sans bonus, farcis de publicités dans une boite en plastique avec une pochette quelconque. Quel est l'intérêt par rapport à un film téléchargé ?

On sent bien que nous sommes à une étape charnière de la réinvention du modèle économique de l'industrie du film, mais il semblerait que ce soit poussif, très poussif.

Notes

[1] Ils n'ont pas du tout envie de m'oublier, même si j'ai dit que je ne voulais pas de pub !

[2] VOD: vidéo à la demande disponible sur ma freebox par exemple.

[3] C'est bien sûr un système hypothétique et fictif, car cela n'existe pas.

[4] Ce qui explique que l'achat de film dématérialisé proposé par plusieurs opérateur de VOD n'est pas un succès.

[5] L'effet de groupe, la mode.

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Commentaires

1. Le samedi 14 juillet 2012, 11:09 par jboss

Ces prix d'achat n'empêchent pas les diffuseurs, les producteurs et tous les intervenants du milieu du cinéma de bien vivre. Quand on donne 2 millions d'€ à Sophie Marceau pour faire un film c'est qu'on n'est pas raclé. Avec le temps, je finis par être contre le droit d'auteur. Quand on fait une œuvre, si les gens l'aiment ils l'achètent ensuite ils se la passent. Et quel film n'en a pas copié un autre, ou quel véhicule ? Le droit d'auteur a été un dispositif post développement économique qui accompagnait l'expansion mondiale des grandes entreprises en les protégeant mais on en voit bien les limites. Comme avec les multiples procès entre Apple et Samsung sur leurs tablettes, les procédures judiciaires sont ridicules et le jugement dépend du bon vouloir du juge qui trouve que ça ressemble ou pas. Au lieu de renforcer le droit d'auteur, supprimons-le.

2. Le samedi 14 juillet 2012, 20:37 par celine

J'ai un avis partagé car je me rappelle l'époque ou j'attendais avec impatience le top 50 vers 18 h le dimanche soir je crois ... Là si mes souvenirs sont bons : il ne fallait pas de bruit pour pouvoir enregistrer la chanson tant aimée ... car il y a des blas-blas du présentateur au début et à la fin de la chanson ... Quand ensuite on a réussit à enregistrer un morceau de notre chanson préférée : quel mal y a t il à vouloir la réentendre chez soi ... Du moment que la copie est loin d'être comme l'original surtout à l'époque des cassettes audio ... mais le principe est le même aujourd'hui en étant au numérique ... Du moment que l'on conserve l'oeuvre chez soi , qu'elle est passée une fois en télé et qu'on a envie de se la regarder pleins de fois ... admettons comme exemple ( L'amant de Marguerite Duras ) bon et bien quel mal y a t il ... Moi je pense qu'il y a malhonnêteté du moment que l'on passe à un stade hors du cadre familial et des amis ... du moment que l'on organise le téléchargement ; du moment que l'on est la société qui a récemment fermé ses portes pour cause de tous les téléchargements illicites ...
Maintenant celui qui installe un super système sophistiqué chez lui et qui en fait bénéficier des connaissances mais qu'il se fait payer ... alors là il y a aussi malhonnêteté aussi ...
Votre sujet est d'actualité car je viens d'apprendre que même les roses étaient un modèle déposé : la bacarat, la pretty woman, la léonidas ... tous les créateurs sont français et déposent une marque labellisée comme pour un autre produit ; le saviez vous ?
Pour la petite histoire ; elles sont recopiées en chine ou ailleurs et du moment qu'on la trouve sur les marché en grande quantité c'est de la contrebande ...
A mon avis ; il devrait y avoir des peines exemplaires pour les organisateurs de ce trafic et pas pour le petit vendeur à la sauvette qui aura vite disparu ...
Toujours est il que je n'arrive à faire de la Vod ( vidéo à la demande ) je suppose ... je regarde déjà en replay ... devrais je payer une taxe ;)))
Enfin vous aurez compris que je ne joue pas à armes égales avec vous , je ne suis pas encore devenue Evelyne SALT mais j'y travaille, tous les jours ... Bonne soirée à tous et surtout pas de baignade ...

3. Le mardi 17 juillet 2012, 00:27 par celine bosch

Bonjour à tous , alors je vais essayer de faire un peu plus court : il me semble que malgré l'évolution des technologies dans le domaine musical, vidéo, film et autres n'a pas changé le problème des droits d'auteurs ... Car j'ai toujours le même avis : celui qui télécharge pour un usage exclusivement familial, amical et qui n'en fait pas le commerce n'a pas de raison d'être poursuivi car l'oeuvre est publique : le contexte du cinéma est payant, il y a une structure , du personnel , des services , différents de notre domicile et de notre mode de réception , peut-être ...
En résumé je pense que l'on doit arrêter les personnes qui font du commerce sur le dos des auteurs : alors là ce n'est plus une consommation immédiate et personnelle mais une utilisation à des fins lucratives ... Ceux ci devraient être puni sévèrement , si tant est qu'on arrive à les retrouver et à en faire la preuve ... J'ai appris dernièrement qu'il est très facile pour un " hacker " de changer son adresse i p ; de publier des faux commentaires et de se balader d'un endroit à l'autre de la planète ... Dans ce cas comment retrouver les coupables ... enfin je crois résolument en la justice mais je me demande dans quel monde on vit quand j'apprend aujourd'hui qu'on développe des robots à forme humaine pour prendre soin de nos personnes âgées ... non mais on vit dans un monde de ouf ... voilà mon com , du soir , bonsoir à tous

4. Le vendredi 20 juillet 2012, 11:09 par laurentin

Entièrement d'accord avec Céline

Quand à moi, pour répondre à la question posée, je suis près à payer le maximum (ou presque)

J'adore aller au cinéma, pas trop cher non plus cause j'y vais souvent (je prends une carte)

Comment dire ? il n'y a rien de mieux au monde qu'un cinéma famillial (pitié par les supermarchés du cinéma) où l'on peut discuter avec ceux qui le tiennent, où l'on vous arrête à la caisse "non n'allez pas voir ce film je vous donne pas de places vous allez être déçu ! allez plutot voir tel ou tel autre..."

Bref de l'humain !!!

Surtout mon Dieu faites qu'il y ait toujours un guichetier (et non pas un distributeur) à l'entrée, une ouvreuse qui déchire votre ticket et vous dit quand y aller, un sourir et un peu d'échange !

Les meilleurs moment que j'ai vécu en regardant un film, c'est au cinéma... l'avant première de The Rock (un james bond au fait, et oui !) salle comble, applaudissements à tout rompre à la fin, que c'est bon !

Ou cette autre fois : le filme se lance, mais pas la bande son ! Pendant 5 minutes le premier rang double les acteurs avec humour ! quel fou rire ! on a finit par aller prévenir en bas du problème, mais on aurait pu passer un bon moment comme ça !

Se sont des moments impossible à reproduire derrière sa télé...

Pour moi, à l'opposé du cinéma, le summum de l'indivudualisme, c'est le home cinéma, ceux qui achètent ça sont des no life (c'est dit !)

Signé un internaute qui n'a pas la télé !

PS Mon cinéma favoris, c'est l'ugc variété boulevar victor hugo à nice, ils ont pas mal de salles et la plus grande salle de la côte d'azur, en plein nice...

5. Le vendredi 20 juillet 2012, 14:08 par Cedric Augustin

@jboss: si l'on supprime le droit d'auteur, il faudra inventer autre chose, car un créateur peut légitimement avoir son mot à dire sur ce qu'il advient de sa création, surtout lorsque c'est son gagne pain. Par contre faire un gros ménage dans le merdier des ayants droit qui foisonnent entre le créateur et le "consomateur", là je suis pour. C'est d’ailleurs un des point abordé lors du café démocrate sur le numérique : www.cedric-augustin.eu/index.php?post/2012/03/07/Mutation-numerique-de-la-societe%3A-une-illustration-avec-la-propriete-intellectuelle

@laurentin: tu triches, tu parles du cinéma et pas d'un film à la maison. J'ai clairement fait le distinguo. Hors ne nous leurrons pas, pour beaucoup de films, c'est le petit écran qui fait manger l'industrie du cinéma, et juste pour quelques uns, le grand écran. Donc quant on essaye de réfléchir au moyen de financer la création, on ne peu pas faire abstraction du petit écran.

Et n'oublions pas au passage les très petits écrans, ceux des téléphones et tablettes, qui deviennent également des vecteurs de diffusion de films. Que l'on aime ou pas, cela devient une réalité économique à prendre en compte aussi, à tel point que les créateurs envisagent des versions de films montés pour les petits écrans.

@celine: le principe est juste mais dans la pratique aujourd'hui, comment faire la différence entre un téléchargement familiale (comparable à regarder une chaine de télévision financée par la pub ou la redevance) et le téléchargement "commercial" ?

En Thaïlande on peu acheter au marché des DVD neufs dans leur pochette à 1€. Ce sont des copies sans pub ni tout les messages anti copie qui nous emmerdent chaque fois que l'on met un DVD dans une platine. On est sûr pour le coup de ne payer que la boite et la copie et pas le créateur avec ces DVD ;)

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