Je voudrais revenir, encore une fois, sur ce qui se passe dans les sondages. Comme le disent les sondeurs et dont pas grand monde ne tient compte, un sondage est une photo, et permet de dégager une tendance au sein de l'opinion, mais pas un pronostic pour un résultat électoral.
Si on rapporte le pourcentage de personne certaines de leur vote aux intentions de vote dans le même sondage, on peut extrapoler un socle électoral d'un candidat, c’est-à-dire, à l'instant du sondage, le résultat minimum du candidat. Ce qui donne avec le dernier sondage Ipsos:
Candidat |
Intentions de vote |
Certitude de choix |
Socle fictif |
Emmanuel Macron |
22% |
68% |
15% |
Marine LePen |
22% |
85% |
18% |
Jean-Luc Mélenchon |
20% |
66% |
13% |
François Fillon |
19% |
80% |
15% |
J'ai viré toutes les virgules, déjà que la précision d'un sondage est très approximative, pas la peine d'être ridicule en affichant des nombres qui n'ont aucun sens.
Et les autres électeurs ? C'est là que tout se joue dans l'élection. On a 4 catégories d'électeurs qui n'ont pas arrêté leur choix de candidat:
Ceux qui ont l'intention de voter pour un candidat mais peuvent changer d'avis
Cette population est donc analysée par les sondeurs pour savoir vers qui ils pourraient voter en second choix. Ces électeurs sont ceux que les candidats essaient de se piquer les uns les autres, comme Dupont Aignan avec les électeurs de Fillon, ou Mélenchon avec Hamon. Un passage télé qui se passe bien ou pas très réussi comme dans le débat à 11 et hop, ces électeurs changent de cheval dans cette course de petits chevaux.
Ceux qui ne se sont pas encore décidés mais savent qu'ils iront voter
Cette population est la pire pour les sondeurs, car ce sont aussi les électeurs les plus stratèges, ceux qui vont regarder les sondages pour choisir leur vote, avec de la stratégie à 3 bandes. Ils choisissent un candidat pour faire passer un message, pour couper une tête, donc en général "contre". On l'a vu aux primaires de la droite et de la gauche, où cet électorat très difficilement cerné par les sondeurs à dégommer Sarkozy ou Valls.
Ceux qui ne sont pas certain d'aller voter
Enfin les abstentionnistes potentiels, ceux qui voudraient bien faire leur devoir citoyen sans se prendre la tête. Ils sont peu nombreux à la présidentielle, car c'est une élection qui mobilise.
Ceux qui sont certains de ne pas aller voter
Bon cette catégorie ne présente pas grand intérêt électoral. Ceux qui n'arrivent pas à trouver à voter dans une proposition de 11 candidats, ont clairement décidé de confier la décision à ceux qui voteront.
Histoire de rajouter une petite couche de complexité, les différents instituts de sondages ont chacun leur méthode de redressage des résultats brut des sondages, pour essayer d'extrapoler au-delà de la photo de l'opinion. Dans ces redressements, il y a des présupposés, qui accentuent une tendance. Par exemple depuis quelques années, les électeurs sont en mode dégagisme, et cette tendance conduit à sous estimer certains candidats et favoriser d'autres, perçu comme nouveaux ou hors système.
Je pense pour ma part que le vote Fillon est sous estimé, car une partie des sondés de droite disent ne pas voter pour lui à cause des affaires, alors que dans l'isoloir ils reviendront au vote de droite. Inversement, le vote Macron est à mon avis surestimé, car il a représenté une nouveauté, mais les électeurs de gauche ou de droite qui composent son électorat, seront tentés de revenir au bercail s'il n'est plus le favori.
Tout ça pour dire qu'Emmanuel Macron n'a pas encore gagné cette présidentielle, loin s'en faut, malgré son avance dans les sondages.