Liberté et salaria

Le billet de Jules (de Diner's Room) La liberté de gagner plus n'existe pas est d'une clarté édifiante sur le discours et la réalité dans le message de l'UMP concernant la réforme du droit du travail.

La racine de libéralisme est liberté, cependant il existe de nombreuses interprétations de la doctrine libérale. Dans la dialectique de l'UMP, on retrouve en fait un projet de méritocratie, où pour le moment, l'état empêcherait les meilleurs de gagner plus. La réforme des 35h permettrait donc à chacun de travailler plus s'il le souhaite pour gagner plus.

Chaque fois que j'entends ce discours, je fulmine, car c'est clairement un discours de nanti. En effet c'est oublier qu'un salarié n'a pas le choix dans la très grande majorité de l'organisation de son travail. Qui a intérêt à pouvoir travailler ou faire travailler plus :

  • Les commerçants et les métiers de bouche, qui ont de grandes plages horaires. Payer 42h/semaine est plus simple que de gérer 35h lorsqu'il y a que 2 ou 3 salariés.
  • Les artisans qui voudraient ne plus avoir à jongler avec le temps de travail. Les heures étant de toute façon payées par le client, rajouter une limite à 35 est un problème administratif supplémentaire qui n'intéresse ni le patron, ni le salarié et ne simplifie pas la relation avec le client.
  • Certains cadres, qui travaillent déjà nettement au-delà de 35h hebdomadaire, mais qui voient ce travail non reconnu et leur investissement professionnel plafonné.
  • Les employés non qualifiés, qui seront toujours payés au smic horaire, et à qui on ne propose pour gagner plus d'argent que de travailler plus.

En fait ce discours s'adresse avant tout à une catégorie de l'électorat, majoritairement acquit à l'UMP (3 premiers cas). Pour le reste de l'électorat, il y a donc nécessité de l'attirer vers cette réforme en faisant miroiter une possibilité de gagner plus d'argent.

C'est oublier bien vite ce lien de subordination entre le salarié et son employeur, qui fait qu'en période de chômage important, le salarié ne dispose d'aucun moyen de pression sur son employeur si ce n'est le droit, pour se protéger des abus de pouvoir de ce dernier. Tant que l'on est dans une situation où le chômage libère les employeurs de la nécessité de séduire leurs salariés, il n'y a aucune raison de penser que les salariés auront cette fameuse liberté de travailler plus ou pas. Qui peut croire qu'un salarié peut sérieusement dire à son patron qu'il ne souhaite pas augmenter sa durée de travail quant ses collègues l'acceptent ? Qui peut croire que l'avancement d'une personne dans son entreprise ne sera pas conditionné à une acceptation du temps de travail maximum ? Qui peut croire que les primes de productivité ou de résultat seront données à ceux qui travaille le temps légal, à savoir 35h ?

Cette proposition, du moins dans sa forme simpliste proposée, est clairement une brosse à reluire électorale, une réponse clientéliste. Réformer les 35h doit se faire en tenant compte des réalités de chaque type de profession et en établissant des gardes fou à chaque liberté données aux employeurs pour maintenir autant que possible l'égalité, voir la fraternité au sein du corps salarié.

Tag : net-campagne, liberté, travail, ump

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Commentaires

1. Le samedi 17 février 2007, 10:00 par filaplomb

Surtout que tout cela se fera sans relancer le dialogue social !
Evidemment qu'il s'agit d'une brosse à reluire :-)

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