Les faits

Arrivé avec près d'une heure de retard et après nous être bagarré pour trouver une place de stationnement, nous avons eu la surprise que la candidate socialiste ne soit toujours pas là. Elle avait été retardée par un détour auprès de la famille d'un motard décédé lors d'un tragique accident de la route. Du coup, nous avons pu entendre la totalité de son discours, mais de dehors, les portes de la salle étant closes (des fois que ceux qui étaient dedans veuillent s'échapper), à nous geler les arpions à piétiner sur place. Elle fut indulgente, son discours à durée exactement 35 minutes. Nous n'aurions assurément pas tenu si elle avait fait 1h40 comme François Bayrou. J'ai donc suivi le meeting sur un écran géant, au froid. C'est sûr que ça ne facilite pas l'ambiance. Peut être suis-je négatif à cause de cela ?

Pauvre Allemand

Patrick Allemand, le patron du PS 06 était entrain de faire son discours lorsque la candidate est arrivée. Il n'a pas eu le temps de finir sa phrase et d'accueillir sa candidate, le son était recouvert par la musique. Une fois Ségolène Royal arrivée sur la scène, il n'a visiblement pas réussi à remonter dessus et n'a même pas pu l'accueillir. Pfffuit pas de bisous, pas d'éloge lyrique de sa candidate, pas de photo ensemble devant la salle. Le pôvre. Heureusement que la candidate a parlé des municipales pour le soutenir.

Pas de trop près

Contrairement à d'autres, elle n'est visiblement pas une adepte des bains de foule. Cela peut se comprendre pour une femme. Dans un article de Elle, on apprend qu'il y a toujours des personnes pour mettre les mains où il ne faut pas. Les militants étaient soigneusement tenus à distance par des barrières et un cordon de gardes du corps. Elle s'est précipitée sur la scène et une fois en sécurité, a patiemment attendu que la musique d'accueil s'arrête, pendant environ 2 min gros plan sur son sourire crispé et son visage visiblement fatigué.

Défiance

Introduction par les municipales en parlant de la corruption à Nice : La Vième république sera là pour responsabiliser les élus et ils devront rendre des comptes, car il n'y a pas de responsabilité plus forte ... lutter contre le gaspillage et la corruption. Ca commence bien, j'ai un sentiment désagréable de populisme sur le thème « tous pourris » et une culture de la défiance vis à vis des élus comme avec les jurys populaires.

Même défiance à l'encontre des entreprises : l'état n'aidera plus n'importe qui, seules les entreprises qui prennent des risques et favorisent le dialogue social seront aidées. Comme si l'état et les collectivité territoriales avaient l'habitude d'aider des entreprises qui n'investissent pas.

Ils auront les moyens

L'école remplira sa mission dès la rentrée 2007, elle en aura les moyens. Même chose pour la justice qui elle aussi aura enfin les moyens, tout comme la police. Un claquement de doigt et tous les problèmes seront résolus. Comment ? ...si ils sont bien dirigés et inspiré par un état central. No comment.

Drapeau, Europe et relations internationales

Je ne vais pas commenter cette stupidité de demander à tous les français d'avoir un drapeau chez eux. Et on met une amende à ceux qui ne l'ont pas ? Bla bla sur l'identité, avec répété au moins 3 fois être au clair avec l'identité nationale. Il lui apparait que c'est un préalable pour revenir à la table de l'Europe. Je ne suis pas sûr que lier les deux soit une très bonne idée. Elle veut mettre fin à la diplomatie de la mollesse, du replis sur soi, des intérêts économiques. Moui, je les sent pas, moi, les relations avec nos voisins sur ces bases.

Au milieu de ces âneries, une phrase m'a plut que je reprendrais volontiers à mon compte : On ne demande pas au citoyen d'où ils viennent mais où ils veulent aller. Une jolie maxime républicaine dont j'aimerai connaitre l'auteur.

Coopération vers les pays d'Afrique. Pour le coup, cela me semble être un sujet d'entente national, tout le monde est d'accord dans la classe politique.

Un morceau choisi (approximations de retranscription entre parenthèses) : Les français vont avoir à construire d'autres règles : (un monde idéal où tout le monde est à sa place), où chacun pourra donner le meilleur de lui même, où toutes les différences devront être intégrées. C'est pas beau ça comme projet, du lyrisme, de l'ambition, de l'universalité. Déjà que les français sont taxés d'être prétentieux, après De Villepin, l'ONU n'a qu'à bien se tenir, Royal arrive avec son ordre juste international.

Grève

Bon là j'ai pas tout compris, je vous recopie mes notes concernant son exemple du gagnant/gagnant et donnant/donnant : lorsque nous donnerons à l'entreprise en difficulté pour l'aider en la mettant à l'abri des grèves ...(nous exigerons la) protection des salariés (80% du salaire garanti). Ceux qui étaient avec moi n'ont pas plus compris que moi ce passage. Il faudra faire une recherche, parce que comme ça, ça ressemble à une remise en cause du droit de grève.

Jeunes

Je n'accepte pas que les jeunes vivent dans la précarité. Comme si pour les autres c'était acceptable. Elle propose donc des allocations et des bourses en échange de réformes des filières. Parmi les jeunes, il n'y a donc que les étudiants qui vivent dans la précarité ?

Et pour finir

Petite perfusion concernant l'épouvantail pour la route : le 22 avril ne doit pas être le même que le 21. Dès foi qu'il y en ait qui s'égarent dans d'autres vois. A 20h46, tout est dit, on peut rentrer se mettre au chaud.

En conclusion

La couverture médiatique

J'ai apprécié encore une fois l'angle pris par le journaliste de Nice Matin, François Rosso qui s'est placé dans le registre de l'ambiance, tout comme il l'avait d'ailleurs fait pour la venue de François Bayrou.

En revanche, c'est pour moi une découverte de voir comment un discours aussi vide fourni autant de grain à moudre aux médias. Un mot, une phrase et les analystes passent des heures à extrapoler le message qu'a voulu faire passer la candidate (même chose pour les autres candidats d'ailleurs).

Ici le discours semble être construit spécifiquement pour les médias : format court, remplis de mots clés symboliques, les slogans sont rabâchés mais non expliqués. On donne à l'auditeur du texte qu'il a loisir d'interpréter et surtout qui puisse faire vendre en lançant des polémiques sur des sujets sans intérêt (le drapeau).

Mon sentiment

Des idées à l'emporte pièce, des propos simplistes, voir pour certains populistes, tous les mots clés qui vont bien. Un discours destiné avant tout au médias qui l'entendent tous les jours et cherchent les mots clés qui vont bien et surtout identifient immédiatement dans un propos aussi concis les perles pour le 20h. Je comprend que toutes les personnes de gauche qui ne souhaitent pas se sentir manipulées se sentent mal à l'aise avec des propos de la sorte.

Le dernier candidat socialiste à la présidentielle à être venu à Nice est Mitterand en 1974, et il a perdu à l'époque face à un homme de centre droit. Prémonitoire ?