Je suis devenu militant au sein de l'UDF en été 2005, suite à une université d'été de l'UDF durant laquelle j'ai rencontré des élus et des militants qui croyaient fort que la politique pouvait changer la vie. Je suis arrivé dans un parti politique en pleine mutation sous l'impulsion de son président, François Bayrou.

J'ai toujours été intéressé par la politique comme citoyen,et depuis longtemps sympathisant des idées du centre. Si j'ai attendu aussi tard pour m'engager c'est que je craignais de me retrouver dans un parti de notables, de messieurs avec cravate et costume qui ne privilégient que leur réélection au détriment des idées. J'ai longtemps craint ce que l'on appel la cuisine électorale qui m'empêcherait de faire de la politique comme je le souhaitait: république, respublica, la chose publique.

Et puis après de longs mois de réflexion, me voilà à Hyeres, au milieu de centaines de militants et d'élus, à écouter des discours, assister à des tables rondes, prendre la parole dans des séminaires. La politique comme je la rêvai. Nous pouvions changer la vie de nos concitoyens. Les lois ont une histoire, une âme. Elles sont faites par des humains avec tout ce que cela comporte d'approximations et d'intérêts croisés. Elles résultent d'un savant mélange d'équilibres pas forcément stables. Cette semaine là, j'ai décidé non seulement d'être un militant, mais aussi que je voulais participer à la création de ces projets de lois qui changent les vies, de ces circulaires qui orientent les dynamiques de notre pays, voir de notre continent.

Les idéalistes comme moi ont aussi leur place au sein des partis politiques, il n'y a pas que des arrivistes.

Deux ans plus tard, j'ai pris des responsabilités au sein de l'UDF et commencé à apprendre qu'un parti politique ce n'est pas qu'un idéal. Rudy Salles et son bras droit Lauriano Azinheirinha m'ont fait confiance en m'incluant rapidement dans l'organigramme de l'UDF 06 et en me confiant des responsabilités. Même si aujourd'hui, Rudy Salles a fait un choix que je n'approuve pas, le choix de rejoindre la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy[1], cela n'enlève rien à l'estime que j'ai pour lui. Je l'ai vu passionné par ce qu'il fait, imprégné de la chose publique jusque au bout des doigts. Il aime ce métier de politicien, et je pense qu'il l'aime trop pour le quitter[2].

Si demain je concrétise mon rêve de me retrouver aux affaires, pour faire les lois, pour mettre en place des projets de vie et de société, est-ce que moi aussi je serais prêt à tout pour continuer à le faire ? Il y a 2 ans, la question ne m'aurait jamais effleurée. Bien sûr que non, je suis un pur !! Si je m'engage, c'est pour défendre une nouvelle manière de faire de la politique, comme je le fait au quotidien depuis les mois que cette campagne présidentielle a commencée et dans cette campagne législative qui bat son plein en ce moment. Je me bat pour des idées. Et pourtant... et pourtant, je peux comprendre les ressorts qui font qu'une vingtaine de députés ont quittés François Bayrou, juste pour être réélus, au mépris de ce qu'ils ont défendu quelques semaines avant. Comprendre veut-il dire accepter ? Non, ils ont cédé à la facilité. Résister lorsque l'on a son salaire tous les mois est beaucoup plus facile, mais est-ce que la politique est un métier comme les autres ? S'engage-t-on pour l'indemnité ou pour défendre des projets ?

Aujourd'hui, ce sont mon employeur et les sacrifices de ma famille qui financent mon engagement politique, l'une qui accepte de ne plus me voir et l'autre qui tolère que je soit épuisé certains jours au boulot, que mon téléphone sonne, que je reçoive des emails. Est-ce normal ? Faut-il donc mettre en danger tout ça ? Si demain je voulait être conseiller général ou adjoint au maire[3], et surtout le faire correctement, comment concilier toutes ces activités ? Pour défendre des idées il faut en avoir les moyens. La politique est finalement un sport de luxe...

Notes

[1] et de planter le Mouvement Démocrate au milieu du gué au moment où il a le plus besoin de structure.

[2] C'est joli comme formule pour le décrire non ?

[3] Pas du maire actuel, il faudrait qu'il soit MoDem compatible, ce qui est loin d'être le cas.