Un modèle économique pour la culture en ligne

Les vilains internautes

On nous rabâche que les téléchargements sur internet sont la cause de la baisse des revenus de l'industrie musicale ou cinématographique. C'est dit et redit en boucle depuis des années afin de justifier les lois liberticides qui sont mises en place par notre gouvernement et les autres sous la pression du lobby des majores[1].

Les chiffres de la baisse imputés au téléchargement ne sont jamais documentés sur leur mode de calcul. Il est donc impossible de savoir la part réel du téléchargement dans la baisse du chiffre d'affaire de l'industrie "artistique". Les millions ou milliards proclamés perdus peuvent tout autant être dus à une mutation de la manière de consommer, à la crise, à la baisse de la qualité, à l'excès du prix, l'inadéquation entre l'offre et la demande... Nous pourrions en débattre des heures en l'absence de sources.

Les mêmes qui téléchargent consomment

Hors une étrange statistique est sortie l'automne dernier. Le film "Bienvenue chez les Chtis" a été un méga succès en salle, un record de vente de DVD et un record de téléchargement (lire l'article du nouvel Obs). Il apparait donc que le téléchargement n'aurait pas l'influence qu'on lui prête, du moins la chose n'est pas si simple.

D'autre usage du "piratage"

La conception obsolescente qui gouverne l'industrie dite culturelle n'est heureusement pas la seule. D'autres modèles économiques sont en train de bâtir les fondations du futur.

Livre, trouver des lecteurs

Paulo Coelho et d'autres[2] ont compris que le net autorise une autre relation aux lecteurs. Bien sûr il y a l'interaction via les blogs, mais aussi la co-création. Les lecteurs sur le net sont des acheteurs potentiels ou déjà convertis. Connaitre l'auteur ou le sujet peut être une puissante motivation pour établir un lien de fidélité entre le lecteur et l'auteur, et la possibilité de créer de l'écrit selon d'autres référentiels. N'oublions pas que le net est le retour en force de la culture de l'écrit.

Musique, à la découverte des talents

Le site deezer propose de l'écoute gratuite de musique, comme le font les radios FM. La différence consiste dans la possibilité de construire sa liste de diffusion, de la partager avec d'autres, d'écouter celles d'inconnus qui ont ou pas les mêmes goûts. Pour l'avoir essayé, je peux vous dire que c'est absolument génial de découvrir de la musique que je n'aurais jamais entendu par ailleurs. Deezer est un puissant moyen de promotion par l'auditeur de nouveaux titres, interprètes ou genres musicaux.

Un de mes groupe préféré, Icône dont je vous parle régulièrement met aussi en ligne sur son site ses titres. J'ai acheté les 2 premiers albums et je vous promet que j'achèterais le prochain dont j'ai pu écouter quelques titres lors d'un concert à Vallauris il y a 3 mois. La relation à l'artiste ne se résume pas seulement à un titre rabâché en boucle sur une radio FM.

Vidéo, la disponibilité

Avec les box internet et la télévision à la demande, il devient enfin possible de regarder un programme lorsque l'on en a envie. C'est incroyable que la notion de disponibilité, comme on veut, quant on veut, mette autant de temps à se mettre en place. Je n'ai pas, ni mon épouse, le luxe d'être systématiquement disponible le jour et au moment à laquelle un programme est diffusé. Le vidéo club ne dispose pas forcément de ce que je veux voir quant je veux le voir, et aller au cinéma suppose une organisation pour la garde des enfants, donc est forcément occasionnel. Il est clair que la vidéo à la demande qui est enfin techniquement accessible pour une part non négligeable de la population, va représenter des parts de marché de plus en plus importantes. Le principe de vidéo à la demande est tout à fait compatible avec la publicité comme moyen de financement.

Les prix sont pour le moment encore très élevés car n'incluent pas la publicité qui finance la diffusion hertzienne. C'est aussi un bon moyen de vendre des abonnement ou pack tout en un. Le modèle met du temps à se mettre en place, mais gageons qu'il sera proposé d'ici à 2010 par toutes les chaines.

Et les autres

Tous les autres vecteurs artistiques et culturels n'ont pas encore la possibilité de se déplacer jusqu'au "consommateur" : théâtre, art plastique, musée, bien qu'une réflexion devrait pouvoir être entamée sur ce sujet. S'il est vrai qu'une pièce de théâtre ou ou tout type de spectacle n'est pas forcément adapté à une diffusion télévisée, le potentiel en terme de téléspectateurs est non négligeable, quant on pense au prix des places et au parisianisme de ce milieu.

Pour les musées et l'art, j'imagine plus une approche de type visite virtuelle accompagnée. Un documentaire interactif dans lequel le visiteur virtuel, interagit avec les autres visiteurs et avec le guide, qui se trouverait lui dans le musée ou sur le lieu de l'évènement artistique et proposerait son regard, agrémenté d'images de synthèses pour expliciter les concepts et les données d'experts.

Longue traine

Et pour ceux qui se disent que oui, internet permettrait de faire émerger d'autres formes de modèles économiques à l'issu de leur lecture de ce billet, une petite douche froide pour finir, à aller lire sur le site du Journal du Net : Une étude contredit la théorie de la longue traîne

Notes

[1] Maison de disque ou producteurs de film.

[2] Thierry Crouzet par exemple propose toutes les têtes de chapitres de son ouvrage en téléchargement libre.

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