Restaurer des contre-pouvoirs pour envisager des pertes de souveraineté

Nous devons restaurer les contre-pouvoirs adaptés dans notre société avant de pouvoir envisager de transférer une partie de la souveraineté de notre nation à l'Europe.

Avoir un exécutif fort est nécessaire dans certains domaines et inutile dans d'autres. Par exemple la sécurité n'a pas besoin d'un exécutif fort pour fonctionner. En effet c'est le législateur qui défini les règles (les lois) et la justice qui les applique avec la police qui l'exécute. Un ministre ne change rien. Même chose pour la justice ou les collectivités locales. Si les mécanismes de contre-pouvoir et surtout de séparation des pouvoirs sont correctement mis en place, le système peut très bien fonctionner sans ministère.

En revanche les domaines comme l'armée, les relations internationales ont besoin d'un exécutif fort qui donne des orientations, s'appuyant sur un projet politique. Même chose pour la politique sociale (l'emploi) et l'éducation qui sont des domaines éminemment politiques car ils façonnent la société.

Se pose la question de l'économie. Je pense que cela rentre dans cadre de la supra nationalité, donc l'Europe et non l'état, qui est beaucoup trop étroit pour pouvoir agir. Je le classerai un peu comme la sécurité et la justice. Un cadre législatif défini les règles, et au sein de ces règles les acteurs sont libres d'agir (modèle libéral). Bien sûr le cadre légal est issu de choix politique et sociétaux, mais puisqu'ils ne peuvent se prendre qu'au niveau européen, ce n'est pas un exécutif national fort qui est nécessaire mais un législatif européen fort sur ces questions, afin qu'il soit susceptible d'apporter des réponses efficaces.

En acceptant dès à présent dans un projet de société une perte de souveraineté sur certains points, on ouvre la porte au fédéralisme européen, seul moyen de lutter contre les multinationales qui ont une puissance économique équivalente aux états. Ceci est le pré-requis au retour du politique comme acteur du façonnage de la société et non comme passeur de plat d'intérêt corporatiste ou clientèliste.

Entériner, pas seulement dans les faits, mais aussi dans le langage et dans les projets politiques, le transfert de certaines compétences vers l'entité Europe serait un changement du discourt de nos politiques qui nous changerait du populisme crasse de nos dirigeants. Ce serait aussi un moyen de faire adhérer les citoyens en mettant sur la table les choix de société et d'identité à défendre, justement en restaurant les contre-pouvoirs. Car les contre-pouvoirs sont tout l'inverse de l'homme providentiel[1] que la propagande sarkoziste essaie de nous vendre, comme un baril de lessive. :

  • Redonner à la justice sont indépendance en échange de garde fou, c'est restaurer la confiance dans un système très sérieusement mis à mal ces derniers temps par l'interventionnisme de l'entourage du président.
  • Achever la réforme de la représentation syndicale, non pas pour affaiblir les centrales syndicales comme cela à été fait , mais pour en faire des acteurs responsable et des interlocuteurs incontournables.
  • Proposer une évolution réelle et sincère de notre constitution pour que le parlement soit en capacité de s'opposer au gouvernement et non être remplis de député godillots.
  • ...

Bien sur, je perçoit toute l'incongruité du titre de ce billet au moment où certain rêvent de sortir de l'Euro[2], un autre se croit maitre du monde parce qu'il préside le G20, et enfin que le populisme est érigé en projet politique, quitte à raconter n'importe quoi pourvu que ça plaise à ses électeurs[3]. Il faut juste voir un peu plus loin, un tout petit peu plus...

Notes

[1] Si je suis militant pour soutenir Bayrou, ce n'est pas qu'il est l'homme providentiel, c'est qu'il propose justement de restaurer les contre-pouvoirs sans raconter de bobards aux citoyens.

[2] Nicolas du Pont Aignat qui s'est trouvé un cheval de bataille bien populiste, mais bien ridicule.

[3] Comme la montré la position de la gauche française dans les média sur le projet de réforme des retraites.

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Commentaires

1. Le jeudi 2 décembre 2010, 08:25 par Remi

Et on fait comment pour l'armée ? Qui c'est qui la paye la défense européenne ? Pour gagner des sous pour la vente d'armes ils veulent bien s'entendre, mais pour en dépenser, tout le monde attend que ce soit le voisin.

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