Disparition du département au profit de la métropole

L'élection des nouveaux conseillers départementaux qui remplacent les conseillers généraux se fait dans le cadre de la réforme territoriale. Parmi les choses les plus importantes que cette réforme introduit, on notera:

  • La parité absolue au conseil départemental, puisque l'on élit un binôme. Il y aura donc au lendemain de l'élection exactement le même nombre de femme que d'homme élus. C'est la première élection française parfaitement paritaire homme/femme.
  • Le redécoupage des cantons qui comportent maintenant à peu près le même nombre d'électeurs, entre 35 et 45 000 dans notre département, ce qui chamboule complètement le poids électoral des territoires ruraux, beaucoup moins représentés que par le passé. Ce redécoupage ne s'encombre pas de suivre les contours des communes, puisque l'on élit des représentants au département et pas forcément des représentants du canton.
  • Une partie des compétences du conseil départemental (ex conseil général) disparaissent au profit de la région ou de la métropole.

C'est ce dernier point qui m'interroge. En effet, avec la création de la métropole Nice Côte d'Azur, une partie des compétences de l'actuel conseil général lui ont été transférées, comme par exemple les routes ou les ports. Le conseil départemental qui sera élu en 2015 continuera a avoir la gestion des routes et des ports pour le reste du département en dehors de la métropole, ce qui est un peu étrange. Les candidats issus de cantons métropolitain n'ont pas à traiter de ces sujets à leurs électeurs, puisqu'ils ne sont plus dans les compétences du conseil départemental, mais peuvent en parler au sujet des communes qui ne les élisent pas !

Quant on parle de mille feuille administratif, cette réforme territoriale n'améliore rien. Par exemple à St Laurent du Var, quant le Var inonde les plages, on n'arrive pas à trouver quelle collectivité territoriale doit intervenir: le département gère le fleuve, la métropole l'embouchure et la ville la plage. Même chose avec la digue: le département refait une digue pour y faire passer des vélos alors que tout le monde pensait que des voitures y passeraient, sauf que les routes étant de la responsabilité de la métropole, le département ne le fera pas, car sa responsabilité s'arrête au fleuve. Pendant ce temps là, les travaux n'ont toujours pas commencés...

Donc ce qui devrait se dessiner à terme c'est la disparition du département, au profit des communautés de communes (donc la métropole) et la Région. C'est donc probablement la seule élection des conseillers départementaux que nous vivrons ainsi, sauf si la prochaine majorité en 2017 cède au lobbying des élus locaux qui veulent des places pour pouvoir cumuler. Aller motiver les électeurs pour voter pour des conseillers départementaux qui ne siégeront qu'un mandat avant qu'une nouvelle réforme fasse disparaître leur mandat. C'est pas gagné.

Et politiquement quel est l'enjeu de cette disparition dans notre département:

  • Les Alpes Maritimes sont une chasse gardée de l'UMP, qui n'a qu'une seule opposition, le FN.
  • La région est beaucoup plus équilibrée électoralement, bien qu'à droite, permettant une gouvernance à gauche.
  • Même chose pour Marseille, l'autre métropole de la région PACA.

La métropole Nice Côte d'Azur ne peut faire contre-poids à la Région et Marseille qu'en phagocytant tout le département des Alpes Maritimes, pour réduire au minimum les compétences de la Régions. Sauf que les autres communautés d'aglo n'ont pas vraiment envies de se faire manger (carte des intercommunalité des Alpes Maritimes).

Et puis je suis toujours dubitatif sur la démocratie au sein de la métropole. En effet, quelque soit la taille de la métropole, le maire de Nice qui n'est élu que par les niçois, est mécaniquement le patron de la métropole (Nice à elle seule représente 1/3[1] des habitants du départements). Comme il est en plus le patron de l'UMP, celui qui décide des investitures pour le département, il a donc le pouvoir sur toutes les communes de la métropole, sans aucun contre pouvoir, pas même celui des urnes. Il gouverne donc des gens qui ne l'éliront jamais et vis à vis desquels il n'a aucun compte à rendre. C'est une conception de la démocratie assez dérangeante.

Note

[1] J'avais noté par erreur 2/3. C'est 350000 pour Nice intra-muros pour environ 1.2 millions d'habitants dans le département.

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