Ma crainte du moment

Je regarde avec effroi ce que j'appel les populistes gagner du terrain jour après jour dans les esprits. Il y a 2 ans je craignais qu'à la faveur d'un concours de circonstances, une marine LePen soit élue à la présidentielle. Si on y repense 5 min, nous ne sommes pas passé loin. Imaginez juste une minute qu'Emmanuel Macron soit arrivé 3ème du premier tour: est-on certain que Fillon l'aurait remporté au second tour ? Ce n'est qu'une bataille perdu par l'extrême droite, pas la guerre et loin s'en faut.

L'extrême droite s'organise, avec l'aide de l'ancien conseiller de Trump, Steeve Bannon pour prendre le contrôle du projet européen, ou à minima être suffisamment nuisible pour le paralyser.

Aujourd'hui, toutes les formes de populismes, de gauche comme de droite, prospèrent grâce à l'extraordinaire machine à laver mentale des réseaux sociaux que la très grande majorité des citoyens ne sait pas utiliser, ou pour être plus exacte, qui se fait manipuler par ces outils, sans qu'ils ne s'en rendre compte.

Le concept même de démocratie est en danger, et pas qu'un peu, et avec lui les états démocratiques. Les outils numériques, sont de très puissants leviers de manipulation, de désinformations, de destruction de la réalité qui n'ont jamais existé avant. Il y a quelques décennies, manipuler l'information nécessitait du temps, beaucoup de temps et de moyens. Il fallait corrompre des leaders d’opinion ou médiatiques qui avaient mis des années à construire leur position d'influenceur et donc n'étaient pas prêts à perdre cette position. A l'ère des réseaux sociaux et du numérique, un ou une inconnu peut devenir une star planétaire en un message, une photo ou une vidéo. Un message fabriqué en 5 min avec un montage photo ou vidéo peut devenir viral dans l'heure.

Cette puissance de feu qu'offrent les outils numériques et les réseaux sociaux est aussi amplifiée par la nature de la communication qui est devenu du tout émotionnel. Les émotions flattées et stimulées à l'ère de l'instantanéité n'ont pas besoin d'intelligence ou de culture. Elle sont dans un sens beaucoup plus universelles puisqu'elles parlent à tout le monde, mais ne permettent pas en contre partie de construire une conscience citoyenne, une culture commune. Construire prend du temps, réfléchir est laborieux, mettre en perspective nécessite de la culture, élaborer est lent, l'altérité une contrainte... tout le contraire de la communication émotionnelle, faite d'instantanéité, de simplifications, d'associations primaires.

Les populismes prospèrent dans ce modèle de la communication émotionnelle. Les modérés sont inaudibles car qui veut encore prendre le temps de la complexité ? Allez mettre en perspectives n'importe quel sujet traité par un populiste en 140 signes !

Pendant qu'une petite minorité citoyenne s'épuise et rétrécie dans ses engagements associatifs, politiques ou syndicaux, les spécialistes de la communication émotionnelle détruisent tout, décrédibilisent tout et tout le monde. Les citoyens ne s'en rendent pas forcément compte qu'ils se font manipuler par les spécialistes de l'indignation facile. Tout le système médiatique fait caisse de résonance car il faut bien manger. Manger aujourd'hui, même si demain tout sera détruit.

Je ne vois pas comment nous allons nous en sortir ?

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