Séparation des pouvoirs

Tous les candidats le disent, notre démocratie a besoin de réforme. La candidate socialiste l'a dit dans son discours du 11 février, mais avant elle, le candidat de l'UMP aussi lors de l'émission de 2h face aux citoyens. Ils ne font qu'enregistrer ce que tous les élus et militants actifs de tous les partis clament depuis des années[1].

Démocratie bananière

Il n'est nul besoin d'être un constitutionnaliste ou un juriste pour percevoir le problème que pose à notre démocratie bananière l'absence de contre-pouvoirs à tous les niveaux de l'échelle. On le voit à l'assemblée nationale transformée en chambre d'enregistrement et où la discipline de partis étouffe toute émancipation des députés (lire l'excellent billet de Jule de Diner's Room). Mais ce délitement de la démocratie est aussi à l'oeuvre juste à notre porte. En effet dans mon département, en absence de contre-pouvoirs, tous les pouvoirs se mutualisent et se verrouillent dans les mains d'un seul clan.

Aucun risque

Avec un électorat conservateur et docile, les élus UMP n'ont pas de risque de perdre leur place, sauf si un copain du parti en décidait autrement. Il n'est donc pas nécessaire de faire d'effort pour travailler les dossiers ou avoir du respect des citoyens. Combien de fois ai-je vu le premier magistrat de ma commune arriver en réunion publique sans même avoir pris connaissance du dossier qu'il présentait, s'appuyant sur sa verve pour masquer son absence totale de maitrise du dossier. Les concertations publiques sont de vaste tristes fumisteries et plus du domaine de l'auto promotion que de l'écoute des citoyens.

Accointances avec la presse

Parce que ce pouvoir ne risque rien, il peut se permettre des accointances avec la presse, ouvertement et grossièrement. De toute façon, un acteur médiatique[2] qui ne filerait pas droit se verrait limité aux rubriques des chiens écrasés. Les élus se plient aux desideratas des journalistes qui obéissent en retour à ceux qui leur fournissent l'information et leur achètent des pages de pub au travers des collectivités locales. Les dossiers ne sortent pas au grand jour sauf si, d'aventure, un média national venait à en parler, et encore, en version édulcorée.

Tissus associatif

Déjà que le cas des médias est grave, mais il en est de même avec le tissus associatif qui est soit contraint au mutisme soit carrément asphyxié s'il ne prête pas le flan aux exigences des élus. Vous n'entendrez jamais une association sportive s'exprimer publiquement sur la politique des sports de la ville, idem pour la culture, la solidarité ou le soutien scolaire. Toutes ces associations sont muselées par la manne financière ou les aides en nature fournies par les villes.

Marchés publics

Puisque personne ne peut mettre en danger le pouvoir, à votre avis, comment se passe les marchés publics ? Bien que l'état ai mis en place des procédures complexes pour s'assurer d'une certaine concurrence dans les appels d'offres, les grands groupes du BTP se sont adaptés. Ils présentent des dossiers ensembles. Vous voyez donc les plus gros opérateurs du BTP répondre à un appel d'offre, soit réunis dans une même réponse avec un concurrent fictif qui ne peut être retenu faute de garanties suffisantes, soit carrément en alignant leurs propositions les uns sur les autres au centime prêt[3], laissant à l'un d'entre eux le marché en échange d'un autre.

Débat ?

Dans ces conditions, comment voulez-vous qu'il y ait fructification d'idées s'il n'y a aucun débat ou contradiction. Comment voulez-vous qu'il y ait concurrence sur les projets ou les budgets si tout est décidé par une seule partie. Comment voulez-vous motiver les fonctionnaires à bien faire leur travail ? Comment impliquer les citoyens dans la vie de la cité ?

Utopie de la responsabilité et du respect

Au-delà des différences doctrinaires entre les partis politiques, il est urgent de rétablir de la compétition entre les partis, reconstruire des contres pouvoirs, diversifier les pouvoirs. Mon parti politique, l'UDF, a longtemps fauté dans ces compromissions, mais il existe une nouvelle génération[4] qui veut proposer autre chose[5] : une utopie de la responsabilité et du respect. Nous serons vigilant vis à vis des membres de notre parti qui voudraient refaire de la politique à la façon de grand papa, et nous nous attacherons à la restauration des contre-pouvoirs partout où c'est possible.

Tag : net-campagne

Notes

[1] Voir le projet de 6ème république de l'UDF.

[2] journaliste, webmaster...

[3] quant ce n'est pas la même secrétaire qui tape les réponses

[4] Par l'âge ou par la tournure d'esprit

[5] Regards et politique par exemple.

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