La politique ne se résume pas à un axe gauche droite

Retour sur un article auquel j'avais fait souvent référence en 2007 : Pour un espace politique bidimensionnel

L'on parle souvent d'un échiquier politique, qui par essence est à 2 dimensions, alors que dans la pratique, les actions et les personnalités politiques sont toujours appréciés et commentées selon une ligne de lecture gauche droite, très réductrice.

Bien sûr en tant que militant du MoDem, cet écrasement de l'échiquier politique pose un réel problème d'identité, notamment lorsqu'il faut la défendre. Dans un bouquin que je lisait récemment, l'auteur passe énormément de temps à définir la droite[1] et ses subtilités entre la droite capitaliste, libérale, néo-libérale, néo-capitaliste, corporatiste, conservatrice, chrétienne, sociale, gauliste...

La même chose se passe lorsque l'on parle de la gauche, sociale, libérale, conservatrice, communiste, révolutionnaire, écologique, radicale...

Les positionnements de ces différents groupes de pensée sont circonstanciels la plus part du temps. Selon la question posée, l'axe gauche droite n'a plus de pertinence. Sur le graphique ci dessus on voit bien que le productivisme est une organisation de la société partagée par la droite corporatiste et la gauche communiste, et qu'elle est rejeté par la droite libérale et la gauche écologique, sans pour autant que ce soit pour les même raisons.

Et l'on peut poser des questions sur l'organisation de notre société selon une pléthore d'autres critères ou la notion de gauche droite n'aide pas à classer ces groupes :

  • La religion/laïcité de la société : finalité, moyen, nécessité ?
  • Organisation pyramidale ou en réseau de la société ? Aucun parti aujourd'hui ne répond à cette question explicitement, mais la doctrine libérale est la plus facilement adaptable, tout comme le principe de décroissance qui propose une organisation régionale.
  • La place de l'éducation ? Identité, investissement, service, diverse ou unifiée...
  • L'énergie ? Nationale (européenne) ou internationale (privée).
  • Finance libre ou contrôlée ? Avec une finalité ou sans ?
  • Rôle des taxes et impôts ? Outils de régulation (politique), de financement (uniquement budgétaire), d'investissement.
  • Limite des liberté individuelles ?
  • Armée ? Défense ou prévention ? Humanitaire ou militaire ? Professionnelle ou conscription ? Nucléaire ou conventionnelle ?
  • ...

Et la liste est très loin d'être exhaustive, mais on voit bien que la notion de gauche/droite est extrêmement réductrice, et qu'il faut absolument arriver à en sortir dans les réflexions sur notre société. Il y a un impératif devoirs de ne pas laisser les média nous enfermer sur cette ligne à une seule dimension là où notre société est multidimensionnelle.

Notes

[1] Je ne parle pas de la droite extrême, mais bien de la droite dite de gouvernement.

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Commentaires

1. Le jeudi 11 décembre 2008, 16:59 par Eric

Oui, l'opposition droite-gauche mérite d'être réexaminée.
Pour moi, il y a deux marqueurs importants:

1) plus de liberté ou plus d'égalité?
la droite c'est la liberté qui conditionne l'égalité, la gauche c'est l'égalité qui conditionne la liberté.

Si je suis de gauche, c'est que je pense que lorsqu'on ne bénéficie pas des mêmes moyens que les autres (à commencer par les moyens matériels), on ne peut pas être libre.

2) la place de l'Etat. La gauche c'est + d'Etat et la droite moins d'Etat.

Sur le premier critère, il semble que le Modem se rapproche plus des valeurs de gauche, sur le second critère, des valeurs de droite.

A moins que je ne sois mal informé sur le sujet.

2. Le vendredi 12 décembre 2008, 10:31 par Robert Brugerolles

Bonjour à toi Cédric et aux internautes!

L'idée à la base de ta contribution, Cédric, est très intéressante. La politique, comme l'Homme, ne doit pas être réduit à l'unidimentionnel: c'était, d'ailleurs, une préoccupation d'Herbert Marcuse.

Le schéma cité fait, lui-même, réfléchir. Cependant, même s'il est très parlant, je m'interroge sur son objectivité. L'auteur a-t-il fait des calculs justifiés pour l'obtenir ou simplement une esquisse à la louche?

Ayant étudié le domaine des mathématiques économiques, je sais que des calculs sont possibles dans ce cas, mais je n'ai aucune preuve que cela soit le cas ici.
C'est le seul bémol que je mets à cette étude, par ailleurs, très pédagogique.

Amical salut à tous

Robert Brugerolles

3. Le samedi 13 décembre 2008, 10:05 par Cedric Augustin

@Eric : ton propos reste encore enfermé dans les schémas de pensée unidimentionels.

Si tu prend la droite libérale il y a effectivement moins d'état, le système étant supposé s'organiser tout seul, l'état n'étant qu'un arbitre. Si tu prends la droite corporatistes (celle de notre président et de Bush) l'état est remplacé par des corporations qui organise la société tout autant qu'un état mais avec d'autres intérêt.

@Robert : ce graphique n'a aucun donnée numérique. C'est une illustration du propos selon lequel on peut lire la politique selon différents axes.

4. Le jeudi 18 décembre 2008, 13:13 par Eric

Oui, tu as raison, pour moi le clivage droite gauche ça reste fort!

5. Le jeudi 9 février 2012, 15:48 par Zogarok

Bayrou pencherait plutôt vers la "décroissance", la "sobriété" et le "non-marchand" ? Pour ce qui est du candidat FN, la donne a changé avec Le Pen 2 ; néanmoins, est-ce qu'intervertir les positions de De Villiers & Le Pen 1 ne serait pas plus juste ?

6. Le vendredi 10 février 2012, 14:28 par Cedric Augustin

@Zogarok: le positionnement de Bayrou sur ce graphe date de la campagne de 2007 et c'est son auteur qui l'a placé ainsi, et tout est relatif puisqu'il n'y a aucune échelle. Ce qui m'intéresse dans ce graphe, c'est la notion de multidimentionnalité.

Cependant, je confirme que François Bayrou n'exclue pas une certaine sobriété en rendant son programme moins dépendant de la sacro sainte "croissance". Mais ce n'est pas un "décroissant".

7. Le jeudi 29 mars 2012, 01:42 par Lou

Le premier commentaire parle d'un axe plus d'état/moins d'état, qui serait un axe gauche/droite. Ça me semble un peu hâtif : il y a des étatistes à droite comme à gauche (FN, beaucoup d'état, NDA idem, et pour la gauche, Mélenchon, Chevènement…) et des moins étatistes de part et d'autre (EELV pour la gauche par exemple). Le MoDem, en étant fédéraliste, attaché à la personne humaine, semble peu étatiste, et j'aurais tendance à dire… ouf !! :)
De là à faire de Bayrou un décroissant… c'est un homme raisonnable et pragmatique plus qu'idéologue (là aussi, ouf…)

Sinon, je viens de découvrir ce blog, sympa… :)

8. Le jeudi 29 mars 2012, 21:57 par Cedric Augustin

@Lou: bienvenue, et je suis content que vous commenciez par ce billet qui est une des charpente de mon engagement militant (avec les contre-pouvoirs). Ce pourrait être intéressant de refaire ce genre de graphique pour la campagne 2012, sur d'autres axes.

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