Financiarisation de la société

J'ai beaucoup aimé le billet de Jean François Kahn Durand vaut-il 500 fois plus cher que Dupont ?, et je fais le lien direct avec une émission de Daniel Mermet que j'avais trouvé édifiante.

En effet, l'invité (dont j'ai oublié le nom) parlait du rendement des placements. Voici ce que j'en ai retenu : l'idée est qu'un placement sans risque devrait rapporter un petit peu plus que l'inflation, soit entre 2 et 5% (tout comme un placement immobilier d'ailleurs). Une entreprise normale rapporte en principe entre 8 et 15%.

Là où ça commence à pauser problème, c'est que les financiers exigent des rendements supérieur à 15% des entreprises, ce qui nécessite forcément de faire des choix stratégiques pour atteindre ces rendements, qui ne sont pas toujours les meilleurs pour la pérennité de l'entreprise.

Jusque là c'est de la stratégie. Les financiers épuisent les entreprises et mettent en péril leur avenir, notamment leur capacité à investir[1], mais à part les salariés qui se retrouvent au chômage[2], cela n'a pas de conséquences pour l'environnement économique, puisque cela s'apparente à un combat de crocodiles chacun mangeant son voisin.

Par contre, lorsque ces mêmes financier inventent de toute pièce des produits avec des taux de rendement de 20 à 40% comme les subprimes, il y a quelques temps, ou dans la prochaine bulle spéculative qui va nous péter à la gueule[3], vous pensez bien que tout l'édifice économique est mis en péril, d'où la crise que nous vivons).

Comment voulez-vous dire à des financiers de renoncer à des produits avec des rendements de plus de 25%. Tant que les règles ne changeront pas ils continueront à placer de l'argent qui ne leur appartient pas sur ces produits spéculatifs, sans réalité économique derrière.

Et là, je pense que si il devait y avoir une gouvernance mondiale, après la suppression des paradis fiscaux, il faudrait imaginer un processus pour que les rendements supérieurs à 20% soient tellement taxés, que personne ne trouve un intérêt à les mettre en œuvre. De facto, ce serait une épuration de toute cette spéculation pour revenir à une spéculation saine basée sur des fondamentaux économiques, à savoir la vraie richesse produite par les entreprises.

Voilà, j'ai fini avec mon utopie, vous pouvez revenir dans la vraie vie, celle des très riches protégés par le bouclier fiscal, celle des paradis fiscaux qui appauvrissent les états au profit des corporations, celle des amis du Fouquet's...

Notes

[1] Par exemple, certaine entreprises préfèrent racheter un concurrent pour récupérer son portefeuille client, ou absorber une petite entreprise innovante pour récupérer des brevets qu'elles ne sont plus capable de produire.

[2] Suite au démantèlement d'entreprise "pas assez rentable".

[3] Parce que vous n'avez tout de même pas cru une minute les fanfaronnades de notre super président ! Ils ont foutus la merde avec les subprimes, mais ils ont déjà recommencé, rien n'a changé.

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Commentaires

1. Le lundi 26 avril 2010, 22:07 par Cyril Cousinié

Il y a beaucoup plus simple

limiter la taille des banques
ne pas intervenir en cas de faillite

A +

2. Le lundi 26 avril 2010, 22:38 par AS

Il y a encore plus vicieux, racheter une entreprise concurrente pour l'empêcher de sortir un nouveau produit ou empêcher de développer un nouveau produit où alors si c'est très chouette se le garder pour plus tard.
(ce serait la spécialité de certaines grosses boîtes informatiques !!!)
Mais dans tous les cas les salariés de la première sont fichus.

3. Le lundi 26 avril 2010, 23:10 par Serge

Il y a plus simple : la transparence
Actions = propriété
Obligations = loyer contractuel
Tout le reste n'est que magouille obscure qui ne rapporte rien à l'investisseur mais beaucoup à l'intermédiaire.
Dire qu'on préssent DSK, ce sera pire que Sarko.

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