Prêt à penser

Dans un billet toujours plein d'élan lyrique, Quitterie nous dit qu'elle aime les unions libres de personnes, tout ce qui ne ressemble pas à du vertical ou du pyramidal, tout ce qui est fédérateur, tout ce qui crée une émulsion, tout ce qui permet à chacun de pouvoir prendre la parole et devenir acteur, tout ce qui rend les uns et les autres égaux...

J'aime moi aussi l'utopie de l'égalité et du travailler ensemble, mais la réalité est dure. Pour être des citoyens égaux il faut être des citoyens instruits. Hors on le voit bien sur internet, l'UDF bénéficie d'écho favorable auprès des lecteurs et blogueurs qui sont par essence des gens qui s'intéressent donc s'instruisent. Les autres restent désespérément accrochés au prêt à penser.

Je le vit au quotidien lorsque j'écoute la différence de propos et de réactions entre les militants que je fréquente (et ce serait la même chose avec des blogueurs) et mes collègues de bureau. Chez les premiers il est souvent facile de démonter le prêt à penser et de stimuler le débat, alors que chez les seconds, une remise en cause des certitudes est perçu comme une agression.

Ma crainte est la tendance que donne à l'information le principe des petites phrases et des flash d'info. L'information est distribuée en bouchées tellement petite qu'il n'est plus nécessaire de les mâcher. Et pour que cela soit aussi concis, à un moment ou un autre, il faut bien la réduire l'information. Combiné à la nécessité de "captiver" le téléspectateur/l'auditeur/le lecteur, seules ne peuvent subsister les propos et les images les plus marquants. Le filtre médiatique se retrouve donc de fait à grossir certains éléments et à occulter d'autre sur des critères qui n'ont pas forcément grand chose à voir avec l'information elle même.

Le téléspectateur/l'auditeur/le lecteur qui n'y prend garde se retrouve à ne lire que les gros titres. Là où ces gros titres n'avaient pour fonction à l'origine que de donner envie de suivre/lire le développement, ils sont aujourd'hui devenue l'information elle même sur lesquels l'opinion d'un sujet se fait. Le confort de la simplicité dans lesquels se retrouvent le téléspectateur/l'auditeur/le lecteur le rassure, il suffit de quelques titres pour se faire une idée. Mais dès que l'on souhaite en débattre, si tant que ce soit possible, l'absence de fond oblige à se retrancher derrière des certitudes sans nuance.

Si je me réjouis du phénomène que représente la blogosphère, cela reste néanmoins un épiphénomène à l'échelle de la population. Si l'on veut tendre vers l'égalité, il faudrait remettre en cause le prêt à penser servit par les médias à la demande de leurs téléspectateurs/auditeurs/lecteurs. Cela est une sacrée utopie.

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