Lorsqu'une pénurie d'essence est anticipée par les automobilistes, on constate naturellement une diminution de leur vitesse sur l'autoroute. Le lien entre consommation et vitesse est donc clair pour les conducteurs, qui savent lever le pied lorsque leur liberté de mouvement est menacée. Rendez leur la confiance dans l'approvisionnement, et les soudaines initiatives économes en énergie s'envolent.

Il ne faut donc pas attendre grand chose d'une sensibilisation des automobilistes à la réduction de leur vitesse pour faire des économies et "accessoirement" polluer moins. Rouler vite, et polluer[1] plus est donc un confort. Ceci est évident lorsque l'on voit le grand nombre de véhicule énergivore que sont les 4x4 urbains, qui pullule dans notre région, ayant remplacés dans la panoplie du matuvu, la voiture de sport, clairement en perte de vitesse[2]

Les dernières approches pour influencer les conducteurs, ont porté sur :

  • la peur du gendarme : ça marche ponctuellement, mais dans l'ensemble, les automobilistes s'en fichent. La vitesse moyenne sur l'autoroute, en dehors des heures de pointe est à la louche autour de 120km/h alors qu'officiellement, la vitesse maximum dans le département est de 110 km/h, vitesse que l'on ne trouve que sur la voix de droite.
  • le portefeuille : les hausses continues du prix du carburant ne changent pas durablement les comportements. De plus les améliorations techniques apportées aux véhicules améliorent le confort de la vitesse et réduisent la consommation des véhicules de la même gamme.

Force est de constater que cela ne suffit pas. Il faudrait inventer d'autres leviers pour obtenir un changement de comportement. Je ne pense pas qu'il existe une bonne solution, mais plutôt un faisceau d'approches, pour que chacun y trouve celle qui lui correspond. Quelques idées en vrac :

  • Bonus assurance[3] et pourquoi pas énergétique[4] pour l'utilisation de véhicules à vitesse limitée. La vitesse deviendrait un luxe couteux. La démocratisation des voitures électrique pourrait être le moment de mettre en place ce type de véhicules.
  • Promouvoir les véhicules "fantaisies", à forte personnalité ou fortement personnalisés. Aujourd'hui il est quasiment impossible de personnalisé son véhicule, les normes étant draconiennes. En libérant ces contrainte en échange d'une contrainte sur la vitesse, la lenteur pourrait devenir branchée, un marqueur d'individualisme et d'indépendance.
  • Réduire la fiscalité sur les véhicules qui par conception ne peuvent pas rouler vite, comme certaines décapotables, ou les voitures à toute petite cylindrée.
  • Proposer des navettes train/voiture sur un maximum de destinations moyenne distance[5], subventionné pour que cela coute le même prix que la consommation d'essence du trajet avec une petite voiture. Cela existe pour les passages de cols, pourquoi pas pour les traversées de métropole ?

Je vous laisse faire vos propositions sur les choses qui vous donneraient envie de lever le pied...

Notes

[1] Pollution chimique, mais aussi auditive.

[2] On pourrait surement ajouter aussi pour expliquer le succès des 4x4 urbain, le fait que les femmes s'en servent plus facilement qu'une voiture dite de sport.

[3] Il existe des assurance que l'on paye en fonction du kilométrage parcouru. On pourrait imaginé en fonction du ration kilomètre/vitesse par exemple.

[4] On pourrait imaginer du carburant moins chers fiscalement par exemple.

[5] un peu comme un système de métro pour voiture. On entre dedans, on ne sort pas de sa voiture, et on ressort 50 ou 150km plus loin.