L'a-normalité de la différence
Par Cedric Augustin le dimanche 24 novembre 2024, 22:23 - General - Lien permanent
J'enseigne actuellement dans un établissement qui accueil des élèves en situation de handicap, avec de gros retards scolaires ou allophones[1] qui suivent une partie de leurs enseignements avec des enseignants spécialisés et les autres en immersion dans des classes avec des élèves de leur âge.
Même si c'est pédagogiquement difficile à gérer, et que pour ma part j'ai du mal, je suis philosophiquement pour le mélange en classe. Mais je me faisais la réflexion que l'éducation nationale était encore schizophrénique sur ce sujet, comme elle est l'est sur plein d'autres. En effet on demande aux élèves (et à l'école) d'accepter la différence et l'hétérogénéité afin de réduire le rejet de l'autre d'une part, et d'autre part on exige des élèves qu'ils entrent dans le moule. Le plus flagrant est Parcoursup avec une exigence démentiel de conformité dans les notes, les comportements et les matières choisies.
L'école a une mission d'enseignement du vivre ensemble : s'accepter avec nos différence et cohabiter en respectant des règles. Elle est aussi un puissant vecteur des normes sociales, et donc enseigne la norme qui sera nécessaire notamment pour la vie en entreprise. Pourtant la dernière réforme du BAC, en introduisant les spécialités, voulait permettre aux élèves de choisir les matières avec lesquelles ils ont le plus d'affinités pour qu'ils y réussissent plus. Entre la crise du COVID qui a cassé la mise en place de cette réforme ambitieuse et les formations post-BAC qui n'ont pas évoluées en même temps, on se retrouve avec à nouveau une reconstruction des anciens choix imposés aux élèves et non leurs propres choix.
Enseigner l'acceptation de la différence et de l'hétérogénéité et imposer aux élèves l'homogénéité en rentrant dans un moule pour leur orientation.
Note
[1] Dont le français n'est pas la langue maternelle/paternelle, donc qui ne parlent presque pas français.