L'Embrasement (suite)

Dans un billet précédent j'annonçais le téléfilm l'Embrasement et faisait un commentaire à partir du peu que j'en avais entendu la veille. Depuis le téléfilm est passé sur Arte (et est même disponible en vidéo à la demande gratuitement 1 semaine) et je peux revenir dessus.

Les mensonges du ministre de l'intérieur

C'est ce qu'en a retenu la presse et la plus-part des articles qui traitent de ce téléfilm. On voit Nicolas Sarcozy à 2 ou 3 reprises, dire des banalités que l'on qualifieraient de maladroites à posteriori et surtout de mal informé. Il ne s'adressait de toute façon pas aux habitants des cités en train de s'embraser, mais au reste de l'électorat. Il a menti, bien sûr, fait quelques omissions assurément, affirmé sans savoir ou en faisant semblant de ne pas savoir, couvert des erreurs probablement. Je suis tellement peu surpris de ces mensonges dans la bouche de cet homme que ce n'est pas ce que j'ai retenu de ce film.

Clichés

On retrouve, mis en image de manière fort efficace, bon nombres de clichés : l'abandon par certains parents de leur autorité, certaines dérives de la police, les politiques déconnectés de la vraie vie, certains média incompétents, l'intégrisme, la manipulation des média. Bon, ces clichés sont des clichés, avec la nuance qui manque, mais permettent à l'auteur de rapidement mettre en contexte l'histoire. Pour s'en affanchir il aurait faire une série de plusieurs épisodes, le sujet ne s'y prêtait pas, et il fallait que ça rentre en 1H30.

Parti pris

Le téléfilm fait quasiment l'impasse sur la délinquance. On ne saura jamais pourquoi les 3 premiers jeunes courraient et étaient poursuivis. Le fait qu'ils puissent être voleur est écarté, mais on n'en saura pas plus. On ne sait pas non pus pourquoi les policiers se balladent avec des flashball pendant tout le film. Le film se fait tout le long autour de la version des adolescents, confirmé par des éléments de l'enquête, mais la version de l'enquête n'est pas présentée en parallèle. Du coup, ce que pense ou croit les autres (élus, policiers, administration) n'est pratiquement pas présenté. On ne voit qu'au travers du prisme des habitants de la cité en train de s'embrasée. Ce parti pris est tout l'intérêt du film mais aussi sa limite. On ne regarde qu'une version, c'est donc un docu-fiction partial.

C'est aussi ce qui permet de comprendre le resenti de certains habitants, notament face aux propos du ministre de l'intérieur.

Ce que j'ai aimé

L'auteur a croqué l'absurdité de la situation : les mômes courent parce que la police court, et la police court parce que les mômes courent. C'est une impasse. Le mur entre les habitants et la police s'élève jour après jour, sans espoir de le faire tomber à moins de changer les règles du jeu.

On sent la situation glissée, inexorablement vers le drame que l'on connaît. L'auteur nous emmène dans le cul de sac et on ne voit pas comment éviter d'y aller, comment en sortir. On en sort pas d'ailleurs.

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