Souvenir universitaire

Lors de mon cursus universitaire j'ai assisté et même participé à 2 reprises au blocage de mon campus.

La première fois, un peu ignorant de ces choses, étudiant en 2ème années, je venais aux nouvelles auprès des étudiants qui occupaient le château de la faculté des sciences de Nice. En marge des syndicalistes professionnels qui menaient la désinformation, j'ai rencontré des gens qui proposaient de faire des contre-propositions au projet présenté par Lionel Jospin, alors ministre de l'éducation nationale. Nous nous somme attelés pendant une journée et demi à une lecture critique du projet présenté par le ministre, et avec notre argent, avons fait un tirage à 3000 exemplaires de ces contre propositions qui ont été envoyées au ministre dans le même temps. Le lendemain, alors que les syndicalistes jugeaient inopportun de faire la publicité du projet du ministre, nous avons distribué le projet du ministre et nos contre-propositions avec[1].

Face à cette démarche un peu utopique, la machine à désinformation de l'UNEF[2] marchait à plein, afin d'obtenir la seule chose qui comptait à leur yeux, un campus de plus bloqué. On le vérifie en ce moment où les média ne s'intéressent qu'au décompte des universités bloquées ou perturbées.

En réaction à ces manipulations des foules dont sont spécialistes les groupes d'extrême gauche[3], est né un groupe d'étudiants dans lequel j'ai fait mes armes de militant[4], Les Incorruptibles, composé de sensibilités politiques diverses, gauche, centre, apolitique et anarchiste. Tout ce petit monde hétérogène s'entendait sur quelques principes, comme la liberté d'expression, assumer ses propos, l'intérêt général avant tout, la transparence totale, pas de chef mais des responsables thématiques ou de fonction (élu, secrétaire), l'assiduité aux conseils pour lesquels ils étaient élus, le compte rendu systématique dans le journal distribué tous les 2 ou 3 mois[5].

Participant au fonctionnement[6], puis élu des Incorruptibles au conseil d'UFR, j'ai côtoyé pendant des années les méthodes de l'UNEF. J'ai eu cet étrange sentiment d'une organisation qui ne se préoccupait que de sa survie et de ses membres. Une organisation dite de gauche[7], mais qui n'avait pas vraiment d'idéologie à défendre, aucun projet à proposer, se fichait totalement des mandats pour lesquels ils étaient élus, si ce n'est des subventions correspondantes, verrouillait le fonctionnement du foyer et surtout les comptes, achetait des soutiens en donnant de petits boulots au foyer...

Lorsque j'entends parler du mouvement étudiant en ce moment, nombre de détails font écho, notamment ce comportement ubuesque à Rennes où les bloqueurs refusent le verdict des urnes qui demande la fin du blocage et prétendent que seules les décisions prisent en AG sont valables. C'est du vécu hélas, tout comme les décisions de blocage du campus prises à 2h du matin par 30 personnes, la non invitation des autres organisations étudiantes lors de réunions décisionnaires. Bref toutes ces formes de déni de démocratie qui nuisent à ces mouvements et leur ôtent toute chance d'être légitimes et crédibles, même lorsque le projet proposé par le ministère pourrait être discuté[8] ou est discutable.

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Notes

[1] Le ministère avait fait parvenir dans toutes les universités le texte sur papier glacé pour que les étudiants jugent par eux même de son bien fondé.

[2] L'UNEF n'est pas toujours aussi à gauche sur tous les campus, il y avait aussi l'UNEF-ID dans d'autres campus, rattachée au parti socialiste.

[3] Ils le justifient "pour la cause", mais cela n'en reste pas moins du mensonge et de la manipulation.

[4] Déjà diront certains... le militantisme est une nature je pense. Un autre de ces militants est aujourd'hui chez les Verts.

[5] Je vais tacher de vous retrouver des exemplaires du journal pour un prochain billet.

[6] J'étais en charge du journal, de la collecte des articles à l'impression des stencils pour les vieilles Ronéo de récup que l'on utilisait.

[7] Extrème dans le cas de mon campus.

[8] Bon ici je ne crois pas Valérie Pecresse capable de faire de la concertation, mais c'est un autre débat.

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Commentaires

1. Le dimanche 18 novembre 2007, 20:15 par Simon Pégurier

et oui les Inco ;-)

2. Le dimanche 18 novembre 2007, 21:36 par Benoît Belasco

Que de souvenirs !
Tu sais si les incos existent encore ?

3. Le dimanche 18 novembre 2007, 22:52 par Cedric Augustin

Il y a 4 ou 5 ans j'ai transféré ce qui me restait de responsabilité dans l'association à une nouvelle équipe, mais ils ne m'ont pas donné de nouvelles depuis. Par contre Les Incorruptibles sont toujours dans la listes des associations de la fac de Nice avec ce joli descriptif :

Faire réagir et agir le monde (étudiant ou pas) sur la vie, l’être humain, l’égalité, la solidarité. (concerts, actions humanitaires, foyer...).

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