Je suis un libéral anti-capitaliste qui pleure

Il y a un truc que je ne comprend pas, pourquoi la libre concurrence est si compliquée comme sujet politique à aborder.

Libéral ne veux pas dire capitaliste

Nous vivons dans un pays capitaliste, bien que les capitalistes vous diront le contraire à cause des diverses taxes. Notre modèle de société est bien basé sur la propriété privée et son enrichissement, indépendamment du travail, le capitaliste possédant un capital à faire fructifier. Pour moi donc, une société capitaliste est avant tout basé sur la finance et non sur la production de richesse par le travail.

C'est en cela que je suis anti-capitaliste ET libéral: l'enrichissement exclusivement financier est du parasitisme. C'est une création fictive de richesse au détriment de la création réelle de richesse (manufacture, agriculture, services, industrie...). Or le libéralisme est avant tout une approche de la manière de produire de la richesse RÉELLE. Les libéraux mettent aux cœur de leur projet de société la libre concurrence: tous les compétiteurs doivent jouer avec les mêmes règles de départ et que le meilleur gagne. Les capitalistes n'ont que faire des règles équitables, et tendent vers le monopole qui est la situation optimal d'un modèle capitalistique, puisqu'il assure le revenu maximum pour le capital en détruisant la concurrence.

Libéral de gauche ou de droite, voir du centre

La notion de libéralisme n'est pas de gauche ou de droite. C'est la dialectique des communistes qui mélangent capitalisme et libéralisme constamment dans leurs discours qui interdit au peuple de gauche de se revendiquer libéral. De même avec le vocable d'ultra libéral. C'est en soit un contre-sens, car la liberté ne peut se concevoir sans règle, donc vouloir supprimer l'arbitre (l'état), c'est l'anarchie pas le libéralisme.

Les libéraux défendent la présence d'un état suffisamment fort pour être l'arbitre et le créateur des règles du jeu économique, mais pas seulement. Il existe également des pans entier de la société qui ne peuvent être du ressort de l'économie et donc impliquent un rôle de l'état: l'armée et la police, battre la monnaie, édicter les lois et rendre la justice, la diplomatie...[1].

Certains, comme François Bayrou qui se revendique libéral, ajoutent également le devoir de corriger les inégalités introduites par l'économie de marché. Et c'est cette dernière position que je partage qui permet de défendre le modèle de société français, du moins celui que je souhaite à notre pays. La liberté d'entreprendre ne s'entend que si elle ne se fait pas au détriment des plus fragiles, car nous ne sommes pas tous égaux, donc sans mécanisme de correction, c'est simplement la loi des plus forts.

Et en ce moment ?

Hélas, notre pays n'est pas assez libéral à mon goût, notamment en matière d'équité. Je voudrais entendre le gouvernement, quelque soit sa couleur politique, s'engager sur l'équité: mêmes règles économiques pour tous, mêmes règles face à l'impôt pour tous, mêmes chances à l'école pour tous, même justice pour tous... C'est un projet de société qui est capable de fédérer au delà des clivages politiques classique. C'est ce projet que François Bayrou porte depuis des années, et c'est le seul capable de mobiliser l'énergie de notre pays en temps de crise.

Notre président, François Hollande, est loin, très loin, de ce projet, englué qu'il est dans les réflexes d'état providence de la gauche française pendant ses 2 premières années de mandat. Ce ne sont pas des subventions ou des emplois aidés qui vont faire avancer ce pays, mais une route, un chemin vers l'équité, même si ça fait mal. On ne peut pas demander au peuple de se serrer la ceinture sans perspective. Or quelle est-elle ? Attendre le retour de la croissance pour recommencer comme avant ! Elles mènent à quoi les réformes, si tant est qu'il y en ait d'importantes ? Comment motiver un peuple a accepter de souffrir pour des réformes difficiles, si c'est pour qu'au final, les mêmes in-équités perdurent à l'identique. Il faudrait que ce peuple soit maso... ou alors il ne s'intéresse déjà plus à ce président: 13% d'opinions favorables.

Srkz a foncé dans la dette tête baissée en chantant, Hollande hésite et danse, un pas en avant, puis de côté et un pas en arrière. Mais où allons nous bordel de merde !

Note

[1] Fonctions régaliennes.

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Commentaires

1. Le vendredi 20 mars 2015, 16:33 par efrid8

Si je peux me permettre, je n'ai pas la même approche que toi du sens des mots "capital" ou "capitalisme/iste" et "libéral".

Je ressent exactement la même chose que tu décris et pourtant, je me sens capitaliste anti-libéral et pas du tout libéral anti-capitaliste ! Si tu y réfléchi bien, c'est pourtant bel et bien le cas et je vais tenter de présenter mon propos.

Le capital peut être utilisé pour faire fructifier le concept dans lequel tu investis; en retour tu reçoit le fruit de ton investissement qui tend à augmenter ton capital de départ. Pour moi, le capital peut être monétaire mais pas uniquement; le savoir est pour moi un capital qui te permet de t'enrichir en ayant un meilleur salaire, ou bien lorsque tu créé une entreprise, il permet de faire bénéficier un employé d'un salaire et d'une expérience ou même d'un savoir par la création de richesse occasionné par le souhait de faire fructifier tes connaissances initiales. L'exemple que je prendrais de cela sont toutes les entreprises de petite ou moyenne taille où les écarts d'investissement et de richesse ou de savoir entre les employés et les patrons est relativement faible. Pour exemple concret : un ébéniste avec 15 ans d'expérience souhaite déléguer une partie de son travail à un employé; ce dernier est payé pour effectué un travail mais il gagne de l'expérience et un savoir en retour. De l'autre coté, le patron ébéniste engrange plus de gain qu'auparavant grâce à cet investissement et c'est le début de l'expansion.

C'est à ce moment précis qu'intervient la notion de libéralisme ! Le capital en soi est bienfaiteur car il permet de transmettre les richesses (monétaires, humaines, scientifiques, etc..) et de donner une chance à ceux qui initialement n'ont ni bonne éducation, ni connaissance technique ou scientifique ou qualités humaines particulières. Le libéralisme, comme son nom l'indique, est le fait de "libéraliser" les mœurs, les règles, les normes, les frontières, les cultures, les coutumes, le respet, la loyauté, etc... Libéraliser, c'est supprimer les barrières empêchant le capital de s'étendre !

Nous sommes dans un système capitaliste et libéral. Si nous reprenons notre ébéniste qui a maintenant 50 ans et qui a pu employer 50 ébénistes dans son usine; l'écart de salaire entre l'employé et le patron ébéniste est désormais important et l'échange de savoir est délégué à un rang plus petit (il est important de noter que seules les petites échelles permettent la transmission d'un savoir ou de valeurs). Aucune loi ou coutume, ou pression populaire, ou dogme religieux vient entraver ou minorer les pulsions de domination et d'expansion du patron ébéniste qui jouit désormais d'une liberté de temps et d'argent lui permettant de penser à faire fructifier son pouvoir (ou son argent) au plus rentable. Que va-t-il faire ? Jouir de cette liberté ! c'est évident et on pourrait comparer cela à un pêcher si nous étions religieux (mais nous ne le sommes pas n'es-ce pas ;) )

Etre anti-libéral et capitaliste, c'est être pour le rétablissement d'un ordre empêchant les excès naturels de l'homme mais de permettre de conserver les richesses et connaissances de nos prédécesseurs ou aïeux.

Bien à toi.

2. Le lundi 23 mars 2015, 21:26 par Cedric Augustin

@efrid8 il y a un biais dans ton raisonnement, en effet, jamais le libéralisme n'a pour vocation de supprimer les barrières qui permettent d'étendre quoique ce soit, il ne faudrait pas confondre avec l'anarchie. La liberté qu'introduit l'idée de libéralisme se fait dans un cadre défini par un arbitre (en général l'état). Dans un monde idéal libéral c'est une compétition où le meilleur gagne. Dans un système idéal capitaliste, c'est la suppression des autres compétiteurs et de l'arbitre pour tendre vers un monopole (en cela, une dictature peut être capitaliste, mais pas libérale).

Le capitalisme et le libéralisme peuvent facilement se confondre à l'échelle d'une PME, l'entrepreneur voulant bien sûr maximiser le rapport de son capital investi, mais il n'a pas vocation à détruire ses concurrents car ils sont trop nombreux, ni à se débarrasser de l'arbitre à qui il a recourt sans cesse dans son business.

En aparté, être pour "le rétablissement d'un ordre... pour conserver... (de nos) aïeux", me fait un peu flipper comme approche. Ce n'est pas en se tournant vers le passer que l'on va libérer les vocations d'entrepreneurs des générations futures. Je suis libéral car le libéralisme va de pair avec l'équité, qui est le seul levier transpartisant dans notre société.

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