Un militant est-il un bon politique ?

J'ai un poids sur l'estomac qui ne veux pas partir.

Il serais facile d'accuser les électeurs, de dire qu'ils ont les élus qu'ils méritent, et qu'ils ne viennent pas raller ensuite que ce sont tous des voleurs alors même qu'un certain nombre ne votent qu'en espérant un intérêt personnel. Ce serait facile, et rien qu'en écrivant cette phrase les mots viennent tout seul pour jeter l'opprobre, la faute, l'amertume sur d'autres.

Je veux tirer le maximum d'enseignement de ce rendez-vous électoral raté. Voici une réflexion à porter au dossier.

Une équipe de militants

Le regard que porte le militant[1] sur la société est déformé par son engagement, l'empêchant d'être un bon analyste de la société. Par essence un militant est un citoyen engagé, dans une association, un parti ou un syndicat, et ce sont toujours les mêmes individus qui font cette démarche de penser groupe, de penser aux autres "bénévolement", ou autrement dit qui font une démarche de don. Si la majorité de la population pensait ainsi cela se saurait. Les citoyens engagés dans des associations seraient 11 millions en France, soit 15% de la population, et encore l'on sait que tous les membres d'une association ne sont pas actifs, mettons 20% le sont (en étant large), soit à la louche 2 millions de citoyens engagés et actifs en France.

Hors comment constitue-t-on une équipe de campagne ? Avec des militants politiques forcément, qui partagent des référentielles commun en matière de communication politique, à la manière de participer à la campagne. Et pour le coup tous les partis politique souffrent du même problème. Les citoyens engagés regardent l'action politique probablement avec les mêmes yeux, comprennent et interprètent la communication politique car elle leur parle. Les militants sont peut être les seuls à lire et comprendre les documents de propagande électorale car ils leur parlent, ils en comprennent les messages.

Sauf qu'un citoyen engagé est loin, très loin d'être représentatif de la population. Le militant est bien avec des gens comme lui. Ses amis sont ceux qu'il rencontre dans son association de parents d'élèves, son club sportif, son association de quartier quant ce n'est pas son syndicat ou son partis politique. Pour aggraver son cas, le militant moderne s'informe sur internet, consomme les média avec un œil critique, et fini par ne plus lire que des média dit "citoyens", des blogs "citoyens" bref des sources d'informations qui lui ressemble.

Autre regard

Bayrou répétait encore lors de la dernière Université de rentrée "Lorsque l'on pense tous pareil, on ne pense plus.". Pour parler aux électeurs il faut à un moment ou un autre se mettre à leur place, percevoir ce qu'ils attendent ou n'attendent pas, ce qu'il comprennent des enjeux, ce qu'ils craignent ou désirent, ce qu'ils entendent des messages politiques.

Mes collègues de travail m'ont dit de regarder les émissions de télé-réalité pour savoir ce que veulent "les gens". Alors j'ai regardé un épisode de "Secret story" et effectivement, ce n'est pas mon monde, effectivement lorsque je parle de politique je pense ne pas être en phase avec le publique de cette émission.

La pluralité comme nécessité

Et là on comprend mieux la démarche de certains candidats ou élus de s'adresser à des agences de communication, en contournant les équipes de militants ou de permanents de leur parti.

Le candidat doit disposer d'autres sources que les militants qui le soutiennent pour capter la société[2].

Notes

[1] Lorsque je parle de militant ici, je ne me contente pas de parler que des militant du MoDem ou d'un autre parti politique. Le militantisme n'est pas l'apanage des partis politiques.

[2] Sauf que ceci a un coût, car une personne qui n'est pas un militant ne consacre pas du temps pour un candidat comme ça pour le plaisir (ou alors c'est un militant).

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Commentaires

1. Le mardi 22 septembre 2009, 18:07 par Aurel

S'il est constructif et courageux en ne tombant pas dans le piège du conservatisme de la bien-pensance un militant peut être un bon politique je pense.

2. Le mercredi 23 septembre 2009, 13:33 par JG

En gros vous êtes en train de nous dire que pour construire son programme il faut savoir ce qu'attend son électorat. Si cette élection a servi à ça, c'est déjà pas si mal...

3. Le mercredi 23 septembre 2009, 19:24 par Cedric Augustin

@Aurel : oui mais c'est très facile de tomber dans la "bien-pensance" lorsque l'on est entouré de gens qui pensent tous comme soi.

@JG : tjs le mot pour être acide ;)
Je ne suis pas tout à fait d'accord : un programme ne se bâtit pas forcément sur ce qu'attendent les électeurs, notamment si l'on veut être force de proposition voir innovant. Sinon tous les candidats proposeraient la même chose (ce qui n'est pas loin d'être vrai pour certains candidats). Donc ne pas ignorer les attentes, en tenir compte, mais pas exclusivement, ou alors ce n'est plus de la politique, du moins comme je l'entend.

4. Le mercredi 23 septembre 2009, 21:46 par max

vous voyez vous auriez du venir au parti radical valoisien tel que vous l'avez conseillé mes amis humanistes

reflechiser vous deviendrez maire de st laurent du var

max

5. Le mercredi 23 septembre 2009, 23:59 par AS

Si je comprends bien
1° - le militant est nécessaire pour servir le candidat, arpenter les rues, distribuer des tracts, mais il ne soit surtout pas penser où tout au moins garder pour lui ce qu'il pense car il ne connait rien aux attentes des électeurs
2° - une agence de communication doit établir le programme en fonction des journaux people et des émissions debiles pour comprendre les "vraies attentes des électeurs"
3° - le militant est tenu de diffuser le discours mis au point et de faire croire à ce discours auquel il n'adhère pas forcément. Exercice délicat.
Curieuses notions qui donne au militant l'envie d'aller à la pêche ou faire la sieste..

6. Le jeudi 24 septembre 2009, 12:28 par Cedric Augustin

@AS : cette simplification est la tienne, je n'ai jamais dis ça.

Par contre je soutien qu'IL FAUT disposer d'autres sources que les militants pour percevoir la société. De même pour la manière de communiquer, il faut s'ouvrir à d'autres types de messages ou de focale idéologique que ceux et celles qui font le coeur de l'action militante.

Le mot clé à retenir est diversité.

7. Le jeudi 24 septembre 2009, 14:46 par AS

Il est bien évident que cette simplification est la mienne mais c'est ton texte qui l'a induite.
Qu'il faille disposer d'autres sources que les militants c'est certain mais que "secret story ou semblables soit la recette j'en doute.

D'accord avec toi sur la diversité des sources, le problème est que le militant de base n'a que peu d'impact sur les décisions prises à un niveau supéreur et que la vrai question est sur le rôle réel des militants- chair à canon - sacrifiable et surtout corvéable dont de plus tu ajoutes que l'opinion n'est pas fiable - je maintiens donc dans cette optique mieux vaut faire la sieste et j'y songe sérieusement.

8. Le samedi 26 septembre 2009, 15:33 par Cyril Cousinié

Salut Cédric,

Viens participe un peu plus au forum des laurentins, n'hésite pas à ouvrir des sujets, nous y répondrons volontier. Nous pouvons être une source d'info nouvelle, regarde par exemple le sujet "quel est votre métier" nous sommes de tout horizon, salariés, commerçants, au chomage (malheureusement) etc

la porte est grande ouverte, à toi de voir ;-)

Cyril

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