Le propos et son démenti
Par Cedric Augustin le mardi 11 octobre 2022, 09:12 - Presse et média - Lien permanent
Depuis longtemps je suis abonné à une alerte Google actualités sur les mots clé "François Bayrou", et je reçois donc toute les semaines une liste de liens vers des éléments que Google considère comme de l'actualité et qui contiennent ces mots clés. L'essentiel des sources sont des média officiels, mais il y a une part non négligeable de sites pas très fiables qui apparaissent dans ces résultats, surtout lorsque l'actualité est faible.
Mais cette semaine, tout le monde a parlé de François Bayrou, en reprenant exactement la même information: une interview à Radio J dans laquelle Bayrou a utilisé une phrase alambiquée dont il a le secret lorsqu'il ne veut pas donner une réponse claire[1].
« Je crois que la France va mal et je crois qu'elle pourrait aller très bien, précisait-il. Et donc je ferai tout ce que je peux dans toutes les échéances et toutes les fonctions nécessaires. »
Interrogée sur sa candidature, il déclarait également : « Ça peut tout à fait arriver mais ce n'est pas cela la question ». « Ce que je vois venir est, par sa gravité, tel que ça devrait mobiliser toutes les forces disponibles, toutes les intelligences disponibles et toutes les volontés disponibles. C'est de ce côté-là que je suis »
De ce gloubiboulga que l'on peu résumé par "il faudra se retrousser les manche et j'en serais", les journalistes on retenus "François Bayrou « prêt » à être candidat en 2027". Ils twistent un peu la réalité de son propos, histoire de créer de l'évènement, de la dissension dans la majorité. C'est de bonne guerre, il n'avait qu'à être plus clair dans son propos. Mais ce qui m'a interpellé c'est comment cette information apparaît dans mon fil d'actualité (cliquez sur la vignette pour la voir en grand):
Tous les canaux de communication ou presque abordent l'information sous le même angle, "il veut être candidat à la présidentielle". Or, ce que dit Bayrou, c'est qu'il veut participer. Convenons qu'un chef de partis membre de la majorité ne peut décemment pas dire autre chose. Bayrou a donc démenti dans un tweet. Un seul média en a tenu compte dans le titre de son article.
Cette petite anecdote illustre bien le fait que la recherche d'évènement pour approvisionner le contenu des média, met en avant les informations les plus polémiques et que les compléments, analyse ou démentis arrivent bien après, noyés dans l'information rapide et partiale. La majorité des lecteurs, se seront contentés du titre pour se construire une opinion, induit en erreur par la massification: si tout le monde dit la même chose, c'est que c'est la vérité... Qui lit encore les articles et les développements avec de la nuance ?
Commentaires
Sur ce sujet, j'aime bien le Tweet de Pauline Zhor B.