Demander leur avis aux adhérents
Par Cedric Augustin le lundi 18 janvier 2010, 13:13 - Politique - Lien permanent
Il y a quelques temps déjà je disais que je n'en avais rien à cirer de la manière dont les têtes de listes du MoDem seraient désignées en vue des élections régionales. Que ce soit par le parti ou par les militants cela ne change pas grand chose, si ce n'est au niveau de la forme et des conséquences internes.
Regardons une minute comment cela se passe au PS. Ce parti à choisi la désignation par les adhérents. Résultat, une liste proposée par l'exécutif qui comporte des naz avérés mais fidèles[1] et une liste alternative dont les instigateurs sont jeter au pilori ou censurés. On appréciera l'effet de rassemblement du processus à la veille d'une élection qui doit mobiliser les militants[2].
Regardons comment cela se passe chez les verts : c'est démocratique, les adhérents se réunissent dans une cabine téléphonique et s'auto élisent. La démocratie comme ça, c'est facile.
Regardons comment cela se passe à Europe écologie : les candidats sont désignés en petit comité en fonction de leur notoriété ou influence médiatique. Pour la démocratie on repassera.
Je ne sais pas pour l'UMP, mais si j'ai bien compris, c'est l'Élysée qui a décidé, avec tout le mélange des genres entre chef de l'état et chef de parti.
Donc je résume :
- soit on donne intégralement la parole aux adhérents et on organise une bonne baston électorale en interne. On sera parfaitement démocrate mais parfaitement divisé au moment de la campagne. Selon le mode de scrutin on aura perdu des gens valables, ou ils faudra faire travailler ensemble des gens qui se sont opposés.
- soit on défend l'idée qu'il faut faire voter les adhérents sans risquer de provoquer des clivage. On fait alors une liste unique, entre gens de bonne compagnie, avec la tambouille qui va bien en amont, et on demande ensuite aux adhérents de s'exprimer démocratiquement sur un choix unique.
- soit on se dit que de toute façon se seront les mêmes qui sortiront d'un scrutin que ceux susceptibles d'être choisis, donc autant pas se prendre la tête à se taper dessus, et choisir ceux avec le meilleur potentiel. C'est pas démocratique, mais au moins ceux qui ont décidé sont loin et intouchables, donc on peut en dire du mal tout en se réunissant pour la campagne.
Si on parle purement efficacité, il est clair que la dernière solution facilite le rassemblement des forces militantes : "C'est pas moi qui ai décidé, c'est Paris !"[3].
Le Mouvement Démocrate fait comme les autres, il recherche l'efficacité électorale. On est pas là pour faire mumuse avec des scrutins internes, mais pour avoir des élus qui tiennent la route pour défendre des dossiers et des positions lors de leur mandat, et des élus sur lesquels François Bayrou pourra s'appuyer pour la campagne de 2012. Et Bayrou il en a marre des brailleurs jamais contant qui vont se vendre au plus offrant à la première occasion, comme cette prés campagne nous le démontre à nouveau.
Donc, demander leur avis aux adhérents ce serait l'idéal, sauf que faire travailler des gens qui se sont déchirés dans un scrutin est une gageure et un travail titanesque qui nécessite des gens de grande qualité ce que l'on a rarement. Donc faisons vivre la démocratie à sa place, lors des élections, et le reste du temps soyons efficaces.
Commentaires
Tu as raison Cédric, l’exercice démocratique est de plus en plus ardu à mesure que le nombre et la dispersion géographique des adhérents augmentent. - Nous parlons de démocratie interne -.
Il n’y a pas de solutions totalement satisfaisantes et, la façon dont tu poses le problème a le mérite de la franchise.
Ainsi l’incohérence supposée de certains sur leur préférence quant au choix d’une de ces méthodes relève soit de la naïveté, soit simplement d’une réflexion qui n’a pas abouti aux mêmes conclusions que les tiennes.
Le débat est ardu et, personnellement, je conçois qu’il soit difficile de trancher.
Les écueils sont si nombreux que le passage à la pratique ne peut se faire sans compromis et quelques petits arrangements avec la discipline démocratique.
« La démocratie est le plus mauvais système de gouvernement, à l'exception de tous les autres », disait très justement Churchill.
D’autres, comme Saint-John Perse, posent le problème de façon plus aigue encore : « La démocratie, plus qu'aucun autre régime, exige l'exercice de l'autorité. »
Dont acte, mais les adhérents sont comme le gentil renard du Petit Prince. Il leur faut des rites pour être apprivoisés… Et pour qu’ils restent convaincus de l’efficience de leur vote interne.
Par exemple, voici en guise de rite, une proposition qui aurait l’avantage de maintenir, au moins sur une partie du parcours de la procédure d’investiture, une sorte de « rituel démocratique » :
Pourquoi ne pas offrir aux adhérents la possibilité de proposer, en amont, un chef de fil et quelques autres personnes auprès de l’instance décisionnaire.
Celle-ci, ainsi éclairée - même anecdotiquement -, disposerait quand même du choix final, tout en sacrifiant à l’acte de politesse de base qui consiste à écouter l’Autre… Ou de faire semblant. Ainsi on pourra dire que les « responsables » auront effectivement consulté La Base.
Pour ma part, c’est une façon qui me conviendrait. Mais c’est strictement personnel, même si je crois que cette idée est aussi partagée par certains.
En l'absence du respect d'un tel "rituel" (ou quelque chose qui s'en approche), il me paraît difficile de considérer que mon adhésion puisse encore avoir une quelconque signification… au moins dans le cadre interne.
J'ai oublié d'en parler, mais les personnes élus lors des scrutins interne (présidence et bureau) sont légitimes pour faire ce que tu dis, à savoir être consulté pour donner leur avis, car un système démocratique consiste aussi à déléguer le pouvoir décisionnaire aux candidats qui gagnent l'élection (interne).
Et ohhhhhh, surprise, leur avis a été sollicité au sein de bureaux départementaux ces dernier mois, ainsi qu'au sein de l'union régionale qui rassemble les présidences. Mais zalor, serait-ce que le MoDem fonctionne comme tu le souhaiterais ?
Je sais, je suis un peu moqueur, mais que veux-tu, les leçons de démocratie ça me fatigue. A force d'invoquer ce mot à tour de bras, certains de ceux qui l'utilise en perdent le sens.
Dont acte.
Pour conclure car, après tout, nous sommes tous entre personnes de bonne volonté, ces élus (Présidence et Bureau) ne seraient-ils pas bien inspirés en instaurant quelques occasions d'échanges entre les militants, à défaut de les étendre aux adhérents, dans le cadre d'une réunion ou deux sur ce thème ?
Même si cela doit se passer de façon informelle, ce que demandent les militants, ce sont ces quelques occasions qui leur manquent au point de finir par se sentir mis sur la touche.
La procédure paraît assez bien pensée mais il en faudrait de peu pour qu'elle donne le change jusqu'à la base, de peu pour redonner un peu de valeur aux bulletins de vote.
Cette pyramide tronquée par le bas ressemble au système d'élection des sénateurs et, plus encore, à une sorte de suffrage censitaire.
Me trompe-je ?
En un clic : http://www.mouvement-democrate06.or...
Les militants doivent pouvoir proposer et "le" ou "les " chefs de disposer et au moins les militants auront l'impression d'être entendus et de participer autrement que pour jouer les utilités.
Ton analyse Cédric est je dirai, malheureusement très juste, la démocratie est un beau concept mais une réalité bien difficile.
Bonjour Cédric,
Je viens de relire un de vos articles paru en 2007, je vous cite : " Et bien, le MoDem sera démocrate comme aucun autre parti. Ce sont ses militants qui le font et pas seulement comme ailleurs ceux qui le servent. Citoyens prenez le pouvoir ! "(octobre 2007).
J'aime et je partage avec vous cette idée. Mais qu'en reste t-il en janvier 2010 ?
Nous venons tous de voter pour élire une tête de liste régionale, la démocratie par le vote des adhérents. Très bien ! Cela implique une notion de choix ( pour ou contre ) mais aussi un choix de personnalités. Or, qu'avons nous constaté ? Que ce choix se résumait à un droit de voter mais pas à un véritable choix entre plusieurs personnes. Démocratie très limitée.
Quant aux têtes de liste départementales, elles n'ont pas fait l'objet d'un choix et d'un vote. Ce ne sont pas les adhérents-militants de chaque département les plus à même d'apprécier les qualités et les compétences des candidats à la tête de liste du département qui désigneront nos futurs représentants. Les instances régionales et nationales, très éloignées des préoccupations et des attentes des adhérents désigneront des candidats selon des critères qui nous échappent totalement mais qui auront fait l'objet, nous n'en doutons plus, de tractations, magouilles et arrangements entre amis.
La démocratie reste donc un concept, la réalité est toute autre y compris au sein du Mouvement Démocrate.
Je vous invite à lire le dernier article que j'ai fait paraître sur le blog des femmes démocrates : Chronique d'une mort annoncée : le MoDem Var.
Catherine Leininger
@cathy : votre propos est exactement ce que je dis dans mon précédent message, à savoir la différence entre l'idéal militant et les objectifs de candidat. Il est difficile et rare de les faire coïncider, d'où la tradition des postes donnés aux fidèles militants pour qu'ils restent "motivés" une fois l'idéal bien écorné par la réalité politique.
Le processus interne de désignation choisi par le MoDem ne présente aucun intérêt. C'est une désignation de "leader". Croire 1 min que l'on demanderait leur avis aux adhérents dans un parti aussi peu mature est un doux rêve, car hautement improbable. Le MoDem a attiré, entre autre des déçus des autres partis ou mode de représentation. Aujourd'hui ces déçus vont à Europe Ecologie, demain ailleurs, à la recherche de flamme la plus brillante.
Le Var a souffert du compromis mou qui a enraciné les difficultés (c'est joli comme formule pour parler du bordel non ?). Un peu comme à Haïti, tout est rasé, il n'y a plus qu'à reconstruire.
Votre billet : http://cap21.modem-parolesdefemmes....